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Un rappeur espagnol en fuite après sa condamnation pour apologie du terrorisme
Condamné pour apologie du terrorisme en vertu d'une loi de plus en plus controversée, le rappeur catalan Valtonyc aurait fui l'Espagne afin d'éviter son incarcération jeudi. Sous le coup d'un mandat d'arrêt international, le rappeur engagé relance le débat sur la liberté d'expression.
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Mais où est Valtonyc ? Selon des médias espagnols, José Miguel Arenas Beltran, plus connu sous son nom de scène de Valtonyc, aurait quitté le pays pour la Belgique. En réponse à sa fuite, la justice espagnole a émis jeudi 24 mai un mandat d'arrêt national, européeen et international.
Condamné à trois ans et demi de prison pour "apologie du terrorisme", "injures à la Couronne" et "menaces", le chanteur de 24 ans, peu connu avant de passer devant les tribunaux, avait jusqu'à jeudi pour se livrer à la justice. Mais dans un tweet envoyé mercredi après-midi, il a annoncé son intention de "désobéir".
https://twitter.com/valtonyc/status/999272324468826113
https://twitter.com/valtonyc/status/999272324468826113
Demain, ils vont frapper à la porte de ma maison pour me mettre en prison. Pour des chansons. Demain, l'Espagne va se ridiculiser, une fois de plus. Je ne vais pas me laisser faire. Désobéir est légitime
Soutien de Carles Puigdemont
Après son exil présumé, Valtonyc a reçu le soutien de l'ex-président indépendantiste catalan Carles Puigdemont qui a estimé sur Twitter que cette "décision difficile sur le plan personnel" était nécessaire pour "continuer à défendre les valeurs et les libertés fondamentales, sans lesquels il n'y a pas de démocratie".
Dans les paroles de ses chansons teintées de militantisme d'extrême gauche, Valtonyc évoque le meurtre de membres du gouvernement, de la famille royale et de partis de droite. Il a aussi appelé dans un concert plus récent à "tuer un Garde civil". "Qu'ils aient peur comme un garde civil au Pays Basque" ou "le roi a un rendez-vous sur la place du village une corde autour du cou", avait-il rappé en catalan dans les chansons qui lui ont valu la condamnation.
La justice avait considéré que ces paroles faisaient entre autres l'apologie "incontestable" des indépendantistes basques de l'ETA, organisation armée ayant ensanglanté l'Espagne jusqu'en 2011.
Controverse
La législation espagnole sur l'apologie du terrorisme et les injures à la Couronne est de plus en plus sujette à controverse. Ces derniers mois, plusieurs internautes ou artistes espagnols ont été condamnés pour ces chefs d'accusation, tel le rappeur Pablo Hasel, condamné le 2 mars pour des tweets et une chanson à deux ans de prison.
La star de cinéma Javier Bardem a apporté sa voix au débat mardi en jugeant, lors d'une action de soutien à un acteur convoqué chez le juge pour blasphème, que les poursuites judiciaires contre des personnes exprimant des opinions renvoyaient l'Espagne à "l'époque du franquisme".
Ces condamnations ont suscité de nombreuses critiques, l'organisation Amnesty International ayant notamment accusé la loi espagnole d'être utilisée pour "réprimer les expressions politiques, surtout sur les réseaux sociaux".
Ces condamnations ont suscité de nombreuses critiques, l'organisation Amnesty International ayant notamment accusé la loi espagnole d'être utilisée pour "réprimer les expressions politiques, surtout sur les réseaux sociaux".
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