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"Respect" : à travers le biopic sur Aretha Franklin, le double combat d'une artiste et d'une femme

Sorti mercredi, le film consacré à la "Queen of Soul" propose une plongée dans deux décennies capitales de sa vie, retraçant des combats et une émancipation tant au niveau artistique que personnel. Un film porté par la performance de Jennifer Hudson, à la fois actrice et chanteuse.

Article rédigé par Annie Yanbekian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 4min
Henry Riggs, Jennifer Hudson, Hailey Kilgore, Saycon Sengbloh, Alec Barnes, John Giorgio, Marc Maron et Joe Knezevich dans "Respect" (2021) (METRO GOLDWYN MEYER PICTURES / QUANTRELL D. COLBERT)

Trois mois après le biopic sur Billie Holiday, icône du jazz au destin tragique, le public français a l'occasion de se plonger dans l'histoire d'une autre étoile afro-américaine de la musique, Aretha Franklin. Respect, c'est un autre destin cabossé dans une Amérique raciste et sexiste, avec son lot d'abus, de violences, d'addictions. Et une âpre bataille portée corps et âme par une chanteuse-actrice à la voix puissante et émouvante, Jennifer Hudson. Le rôle d'Aretha Franklin, elle l'incarne avec d'autant plus de cœur que c'est la "Queen of Soul" en personne qui l'avait choisie pour ce projet lancé il y a des années. Le film, première réalisation pour le cinéma de la Sud-Africaine Liesl Tommy qui vient du théâtre, sort mercredi 8 septembre sur les grands écrans.

Itinéraire d'une enfant surdouée

Une enfance marquée par un père pasteur bien décidé à utiliser l'immense talent de sa fille, par la perte d'une mère adorée, par un viol à l'aube de l'adolescence... Une jeunesse chaotique dans un monde d'hommes, parfois violents, qui l'infantilisent et lui dénient le droit de faire ses propres choix - jusqu'à celui de s'exprimer -, sous fond de lutte pour les droits civiques... Voilà le cadre pour le moins austère dans lequel Aretha Franklin se lance dans la musique.

Posséder un talent aussi colossal que le sien ne garantit nullement le succès, Aretha Franklin - que ses proches surnomment "Ree" - en fera l'amère expérience au début de son parcours professionnel. Il lui faudra se battre pour trouver sa voie et s'imposer.

Jennifer Hudson (Aretha Franklin) et Mary J. Blige (Dinah Washington) dans le film "Respect" (METRO GOLDWYN MEYER PICTURES / QUANTRELL D. COLBERT)

Un long cheminement en quête de "respect"

Au tout début du film, on a un peu peur. La première séquence nous explique qu'Aretha Franklin, dont le père (incarné par l'excellent Forest Whitaker) est un ami du jeune pasteur Martin Luther King, côtoie très tôt les grands artistes afro-américains de son temps : Art Tatum, Duke Ellington, Dinah Washington (interprétée avec talent par Mary J. Blige)... Réveillée par son père pour chanter devant cette brillante assistance, l'enfant prodige déambule au milieu des conversations et, bien sûr, elle semble déjà tout comprendre sur la société américaine, ses secrets et ses maux...

Jennifer Hudson et Forest Whitaker (METRO GOLDWYN MEYER PICTURES / QUANTRELL D. COLBERT)

Passé ce moment un peu convenu, le film s'avère plus subtil, mais il garde une facture très classique. Et s'il est long (2h25), on ne voit pas le temps passer. Si le parti pris est chronologique, la réalisatrice aménage quelques flashbacks apportant leur lot de surprises et d'informations. Comme c'est souvent le cas avec les biopics, le film prend parfois quelques libertés avec la vie d'Aretha Franklin. Il se veut avant tout le portrait d'une femme qui apprend progressivement à se libérer du joug des autres, à se transcender, à imposer qu'on lui parle, qu'on la traite, qu'on la regarde différemment. Un portrait plus nuancé que l'on pourrait imaginer au départ. Car Aretha Franklin, rattrapée sans cesse et finalement contaminée par la violence du monde, flanchera plus d'une fois face à ce qu'elle appelle ses "démons", avant une rédemption bouleversante par la musique.

Parallèlement à son parcours de combattante en tant que femme, c'est le cheminement d'Aretha Franklin en tant qu'artiste qui s'avère le plus passionnant. Jennifer Hudson nous offre de très belles séquences, sur scène où l'on savoure les grands tubes de la Queen of Soul, mais aussi en studio, où bientôt, Aretha Franklin prendra et assumera le pouvoir à la fois sur sa vie et sur son art, en tant que femme, Noire et musicienne.
Tituss Burgess (le pasteur James Cleveland) et Jennifer Hudson (Aretha Franklin) (METRO GOLDWYN MEYER PICTURES / QUANTRELL D. COLBERT)

La fiche

Genre : Biopic, film musical
Réalisateur : Liesl Tommy
Acteurs : Jennifer Hudson, Forest Whitaker, Marlon Wayans, Audra McDonald, Marc Maron, Tituss Burgess, Albert Jones, Mary J. Blige
Pays : États-Unis
Durée : 2h25
Sortie : 8 septembre 2021
Distributeur : Universal Pictures International France

Synopsis : La carrière et l'ascension d'Aretha Franklin, de ses débuts comme enfant de chœur dans l'église de son père à sa renommée internationale...

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