Prince, le roi des aftershows, sur scène toute la nuit
Beaucoup se souviennent du lutin funk concluant ainsi un concert au Zénith de Paris : "Tous au Bataclan !". Et entraînant une bonne partie des fans présents (plus de 6.000 personnes) vers la salle rock, au centre de la capitale française (1.500 places).
"A 02h25 du matin, il monte sur la scène du Bataclan : la salle est remplie, évidemment les fans sont là, ils attendent depuis des heures et Prince va jouer jusqu'à 5 heures du matin !", s'enthousiasme, des années plus tard, Philippe Manoeuvre, figure de la presse rock française.
"Quand les gens sortent, le soleil s'est levé", ajoute-t-il, se souvenant des impressions que ressentent alors tous les privilégiés : "On a passé une nuit avec Prince. Il nous a joué du Hendrix, Sly and the Family Stone, James Brown. On a vécu un moment de folie..."
Des soirées improvisées partout où il tournait
Bataclan, La Cigale, New Morning... Amoureux de la capitale française, le "Kid de Minneapolis", mort brutalement chez lui jeudi, a régulièrement gratifié les salles de la capitale française de ces soirées improvisées, comme il le faisait un peu partout où il tournait. Des nuits où il jouait pendant des heures en marge de ses shows plus officiels dans les grandes salles et les stades.En juillet 2010, ce grand ambassadeur de la musique noire, fils d'un pianiste de jazz et d'une chanteuse, a fait vibrer le New Morning, haut lieu parisien du jazz, où il s'était déjà produit en 1986 et 1987. Prince avait débarqué en pleine nuit, après avoir assisté à un concert de la chanteuse soul Erykah Badu dans une autre salle (à l'Olympia).
"Il venait souvent écouter, et recruter, au New Morning. C'était quelqu'un qui savait vraiment écouter les autres musiciens", explique Catherine Farhi, la directrice du New Morning.
Des fans collés aux portes pour grappiller quelques notes
Le club de 500 places affichait évidemment plus que complet, avec des fans collés aux portes à l'extérieur pour tenter de grappiller quelques notes de musique. Certains des heureux élus, à l'intérieur, étaient venus dès le matin, dès que l'annonce de ce concert nocturne avait été discrètement lancée sur les réseaux sociaux.Sur scène à 2h30 du matin, avec l'une de ces tenues de scène extravagantes qu'il appréciait, il ne quittera la scène que vers 6h, le sourire aux lèvres: "Parfois il se mettait sur le côté et laissait jouer ses musiciens. Il y avait dans ces soirées-là une liberté, c'était vraiment un feu d'artifice, avec ses chansons mais aussi des reprises de jazz. On voyait que c'était le bonheur du musicien, il n'était pas en promo", se souvient Catherine Farhi.
Le journaliste musical Olivier Cachin, qui a assisté pour sa part à un "aftershow" au Bataclan, garde aussi un souvenir inoubliable d'un concert pour un "public zombie mais émerveillé".
"Il avait dans ces moments-là plus de liberté dans son répertoire, avec beaucoup de reprises de Chic, James Brown ou même des Jackson Five. Certains artistes signent pour un concert de 90 minutes et à la 91e minute ils quittent la scène. Lui, on voyait bien qu'il n'avait rien à gagner que le plaisir et le fait d'entretenir sa légende", ajoute-t-il. "Que ce soit dans une grande ou une petite salle, on n'était jamais déçus sur scène avec Prince."
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