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"Talk is cheap" : comment l'album de Keith Richards est né de sa guerre avec Mick Jagger
On le sait, le guitariste et le chanteur des Rolling Stones sont les meilleurs frères ennemis du rock. Rien de grave. De menus agacements entre frangins à la vie à la mort. Cependant, dans les années 80, les tensions atteignirent leur paroxysme, menaçant l'avenir du groupe. C'est dans ce contexte qu'est né "Talk is Cheap" (1988), le plus fameux album solo de Keith Richards, réédité ces jours-ci.
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Des frères certes, mais prêts à se battre comme des chiffonniers. Keith Richards a un jour comparé la discorde des années 80 avec Mick Jagger à "la 3e Guerre Mondiale". D'où venait cette mésentente ? Et comment la guerre a-t-elle été résolue ? Rappel de la brouille majeure des dieux du rock en quatre actes."Le problème remonte à 1979, au moment où Keith sort de l'héroïne. Il veut mettre la main dans les affaires du groupe, pensant soulager Mick qui avait fait un gros travail pour faire durer les Stones et qui vit donc mal cette nouvelle situation", raconte David Tillier, président du fan-club français "Sympathy for the Devils".
1
La "trahison" de Mick, qui voulait la gloire pour lui seul
"Surtout, Mick avait le melon... En 1983, alors que les Stones renouvellent leur contrat avec CBS, lui signe en même temps et en secret un autre contrat pour trois albums solo. Keith a vécu ça comme une trahison", ajoute ce connaisseur.
"A cette époque, les deux étaient trop différents. Mick fréquentait la haute société, Keith restait fidèle à ses amis de toujours. Ils ne se supportaient plus. Au point que Jagger ne voulait plus entendre parler des Stones. Il voulait devenir la plus grande star de rock du monde", abonde le journaliste rock Sacha Reins.
L'inédit "Big Town Playboy" est proposé en bonus de la réédition 2019 de "Talk is Cheap"
"Talk is Cheap" de Keith Richards est réédité vendredi 29 mars pour ses 30 ans. Il contient cinq titres inédits en bonus enregistrés durant les sessions d'époque, dont "Big Town Playboy" et la reprise de "My Babe" de Willie Dixon, à écouter tous deux ci-dessus. (Détails de la tracklist et des différentes éditions à voir sur le site de Keith Richards)
L'inédit "Big Town Playboy" est proposé en bonus de la réédition 2019 de "Talk is Cheap"
2.
L'échec de Mick le "disco boy"
Mais les deux albums solo de Mick jagger, "She's the Boss" (1985) et "Primitive Cool" (1987), ne lui apportent pas le triomphe espéré. "Ils ont été mal reçus. D'autant qu'il leur manquait une chose: le son des Stones. Qui sort de la guitare de Keith", analyse Sacha Reins. Et pour cause: Jagger veut faire danser les gens. "Lui croit à la disco, il rêve de succès à la David Bowie, Elton John, Rod Stewart... Les fans des Stones ne s'y retrouvent pas", complète Tillier.
Pendant ce temps, Keith Richards fulmine d'impatience. "Les Stones n'ont plus joué en concert depuis 1982. Il espère une nouvelle tournée pour 1987. Problème: Mick préfère tourner seul", rappelle le journaliste rock Christian Eudeline.
"Keith est furieux. Il attaque Mick dès qu'il le peut. Il le traite de "disco-boy", lui dit d'aller chanter pour Aerosmith, insulte suprême quand on sait que ce groupe était considéré comme un pâle ersatz des Stones", ajoute-t-il.
Un autre, "You Don't Move Me", s'adresse avec rancoeur à Mick: "Tu as fait le mauvais choix/Tu as bu la mauvaise potion/Tu as perdu le nord/Tu n'es plus si attrayant/Pourquoi crois-tu n'avoir plus d'ami?/Tu les as tous rendus fous/Tu ne m'émeus plus".
L'inédit "My Babe", une reprise de Willie Dixon, est un des bonus de la réédition 2019 de "Talk is Cheap"
"Keith est furieux. Il attaque Mick dès qu'il le peut. Il le traite de "disco-boy", lui dit d'aller chanter pour Aerosmith, insulte suprême quand on sait que ce groupe était considéré comme un pâle ersatz des Stones", ajoute-t-il.
3.
L'enregistrement de "Talk is Cheap" pour tuer le temps
Au plus fort de ce conflit, quelque peu résigné, Richards décide de faire son propre album. Mais contrairement à Jagger, il n'a pas l'ambition de faire carrière en solo, il veut juste tuer l'ennui. Il invite plusieurs amis comme les funky men Bootsy Collins (bassiste de Funkadelic), Maceo Parker (saxophoniste de James Brown) et l'ancien Stone Mick Taylor.
"Talk is Cheap" sort le 3 octobre 1988. A l'époque, les Stones n'ont pas sorti de bon album depuis un moment. Il y a bien eu "Emotional Rescue" en 1980 et "Tatoo You" en 1981 mais "Undercover" (1983) et "Dirty Work" (1986) n'ont pas laissé un souvenir impérissable.
Alors s'il n'a pas tout à fait l'étoffe d'un bon album des Stones, "Talk is Cheap" en a l'ADN blues-rock avec des teintes soul, et quelques morceaux se distinguent comme "Take it so Hard" ou "Make no Mistake".
Alors s'il n'a pas tout à fait l'étoffe d'un bon album des Stones, "Talk is Cheap" en a l'ADN blues-rock avec des teintes soul, et quelques morceaux se distinguent comme "Take it so Hard" ou "Make no Mistake".
Un autre, "You Don't Move Me", s'adresse avec rancoeur à Mick: "Tu as fait le mauvais choix/Tu as bu la mauvaise potion/Tu as perdu le nord/Tu n'es plus si attrayant/Pourquoi crois-tu n'avoir plus d'ami?/Tu les as tous rendus fous/Tu ne m'émeus plus".
L'inédit "My Babe", une reprise de Willie Dixon, est un des bonus de la réédition 2019 de "Talk is Cheap"
4.
Le come-back de Mick la queue entre les jambes
"L'album se vend moyennement, malgré des critiques assez clémentes qui font comprendre à Mick que Keith bénéficie d'une cote d'amour dont lui ne bénéficie plus trop. Malgré ses défauts, la brutalité primitive qui caractérise Richards plait mieux que la sophistication de Jagger", souligne Sacha Reins.
Du coup, cet album né de la guerre va aussi y mettre un terme. "Finalement, c'est Mick qui a renoué le dialogue en 1989, enchaîne David Tillier. Keith n'y serait jamais allé. Pour lui, les Stones c'était fini." Ils ne mirent pas longtemps à relancer la grosse machine, avec l'album "Steel Wheels" enregistré en trois mois et une tournée monstre de 115 concerts. Alors, c'est qui le patron ?
Du coup, cet album né de la guerre va aussi y mettre un terme. "Finalement, c'est Mick qui a renoué le dialogue en 1989, enchaîne David Tillier. Keith n'y serait jamais allé. Pour lui, les Stones c'était fini." Ils ne mirent pas longtemps à relancer la grosse machine, avec l'album "Steel Wheels" enregistré en trois mois et une tournée monstre de 115 concerts. Alors, c'est qui le patron ?
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