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Le grand retour de Stephan Eicher en concert le 2 février à Paris avant un nouvel album, "Hüh!"
Après sept ans d'absence discographique contrainte, Stephan Eicher revient enfin avec un nouveau disque. "Hüh" (Polydor) est un album de rock balkanique "fait avec une fanfare nommée Traktorkestar, qui m'a ramené à mes origines yéniches", confie-t-il à l'AFP, avant un concert samedi 2 février au Grand Rex à Paris.
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Le chanteur suisse affublé d'une soyeuse barbe mousquetaire sourit : "Sur le papier, Eicher qui reprend ses chansons, accompagné de neuf cuivres, trois batteurs, une beat-boxeuse (Steff la Cheffe), pour faire de la musique balkanique, ça semble... merdique".
J'ai dû plier avec mon ancien label
L'homme se redresse péniblement sur son fauteuil. La cause de cette raideur ? "Un accident de dos l'été dernier. Je vais mieux à présent, mais je ne savais pas qu'on pouvait avoir des douleurs si fortes, si longtemps, si constamment. Moralement, c'était aussi difficile, j'étais cloué au lit, sans pouvoir faire de la musique." "Je crois que mon dos a fini par plier, après que j'ai moi-même dû plier durant mon conflit avec mon ancien label" Barclay, analyse-t-il.En 2016, Stephan Eicher a engagé une action en justice contre sa maison de disques Universal Music France, propriétaire de Barclay, à qui il reprochait de ne pas s'être plié à diverses obligations financières. "Contrevenant aux termes du contrat qui nous liait, ils avaient réduit leur financement de deux tiers pour mes albums. J'ai voulu réagir avec poésie : je m'étais engagé à écrire douze nouvelles chansons, mais rien n'était stipulé concernant leur durée. J'ai donc aussi réduit mon investissement en faisant un disque de 10 minutes au lieu de 30", explique-t-il. "Ça ne les a pas fait rire. Le disque ("Homeless Songs") n'est évidemment jamais sorti et une à deux fois par an j'étais convoqué avec eux devant le juge. L'affaire s'éternisait, sans que je puisse refaire un album. Heureusement, j'ai pu quand même faire des concerts", souffle l'interprète de "Des hauts, des bas".
Huit reprises et quatre inédits dans le nouvel album, Hüh
C'est lors de l'un d'eux, déjà avec le Trakorkestar, l'an passé, que l'histoire bascule. "Stéphane Espinosa, patron de Polydor, est venu me voir et m'a proposé d'intégrer son label (qui appartient aussi à Universal, ndlr). Comme je fonctionne encore à l'humain, je lui ai fait confiance. Il a voulu qu'on me retrouve joyeux sur disque."Cet opus, disponible le 15 février, comporte huit reprises dont les tubes "Combien de temps" ou "Pas d'ami (comme toi)", et quatre inédits, tous d'excellente facture, leur douce mélancolie tranchant avec l'habillage festif de l'ensemble.
"Faire douze nouvelles chansons avec une sonorité si éloignée de ce que je fais habituellement, ç'aurait été trop difficile à imposer", argue l'artiste de 58 ans dont le virage musical vers le folklore balkanique s'apparente à "un retour aux sources familiales".
Retour aux sources avec le Traktorkestar
"D'abord, c'est la musique qu'écoutait mon père, qui était yéniche. Il s'en cachait, d'autant que du côté de ma mère on est très bourgeois. Mais c'était aussi le résultat d'une peur: jusque dans les années 70 en Suisse, une fondation, la Pro Juventute, enlevait les enfants du voyage pour les placer dans d'autres familles", dit-il. Quand Stephan Eicher revient vivre quelques temps à Berne en 2017 pour s'occuper de ses parents vieillissants, il y fait la rencontre des musiciens du Traktorkestar : "Je me suis dit qu'il fallait raconter tout ça, mais sur scène. Ce serait ma façon de ranger un peu cette chambre, tout en mettant un vrai joyeux bordel sur scène."Avec ses nouveaux compagnons de jeu, Stephan Eicher tient ses promesses en invitant à danser sous les confettis. Comme ceux qui l'entourent sur la pochette de "Hüh", où il émerge à peine de l'eau. Une réplique de celle de "Fantaisie militaire" d'Alain Bashung. "J'ai voulu lui rendre hommage. On s'était croisés dans un studio à Bruxelles en 2005. Il m'avait expliqué ses mésaventures avec son label et je me suis souvenu de son désarroi. Lui, contrairement à moi, ne gueulait pas...", soupire-t-il, invitant à bien observer les choses : "si on place les deux vinyles côte à côte, ça fait sens car je le regarde et je lui souris".
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