La Femme surfe sur Rock en Seine
Ce n’est pas un groupe que l’on rencontre mais une entité électrique chargée d’électrons libres. Ils vont et viennent autour de nous et l’énergie des six jeunes musiciens qui forment La Femme sur scène depuis la sortie de « Tropical Berlin » au printemps nous donne le tournis. Marlon, boule d’énergie, parle très vite. Au contraire, Sasha, très très cool, atterrit sur sa chaise alors que l’entretien tire à sa fin. Seule chanteuse de La Femme, la délicieuse Clémence, semble concentrée. Mais l’alchimie entre eux fonctionne.
Sur scène, le groupe, qui a pas mal tourné ces cinq derniers mois, est en place, et joue son album « Tropical Berlin » aux sonorités synthé-rock eighties avec quelques ajustements. Guitares, claviers carillonnants, thérémine (Sasha, impressionnant) et tambours dialoguent bien, même si les réglages son pourraient être meilleurs.
Clémence, en tenue rétro avec sa chemisette blanche sans manche, sa jupe droite courte et son béret crânement incliné, danse de façon guindée mais gracieuse (saut sur place, gestes du bras robotiques), très années 80, et tient sa place en tant que chanteuse malgré son filet de voix.
Marlon, en jean’s rouge et T-shirt blanc sans manches (très Clash) est le vrai frontman, celui qui s’adresse au public, et s’en prend par exemple aux taxis parisiens en intro de « Anti-taxi ».
Le public, dont une bonne moitié ne connait que le tube « Sur la planche », est à moitié conquis mais pas grave, les kids (22 ans de moyenne d'âge) veulent en découdre à Rock en Seine et faire date. L’exploit de Marlon, qui glisse en équilibre sur les fans des 10 premiers rangs avec une énorme planche de surf au tiers du concert, pour "Sur la Planche" évidemment, restera en tout cas dans les annales.
Bref entretien sur le thème du live et de la tournée :
Une quarantaine de concerts au compteur depuis la sortie de l’album en avril, et presque autant à venir. Comment gardez vous la niaque et l’envie de jouer ?
Marlon : Déjà c’est quand même mieux que de servir des assiettes dans un bar, on se rend compte qu’on a de la chance d’être là. Mais sinon c’est le public, quand il est à fond, qui change tout. Parfois, je vais me retrouver à jouer mes morceaux de façon robotique et mécanique mais si le public est ouf du coup je vais vivre le concert et tout va être transcendé, je vais trouver ça magique.
Vous vous surprenez encore sur scène, vous arrivez à atteindre la magie ?
Marlon et Clémence, en chœur : oui bien sûr ! Ca arrive justement quand le public renvoie l’énergie. La dernière fois qu’on a vécu ça c’était aux Vieilles Charrues. Le public était vraiment ouf, ça nous a fait du bien.
Qu’est ce que vous avez appris de plus important depuis la sortie de l’album ?
Clémence : j’ai l’impression qu’on apprend tous les jours. En fait tu crois savoir et même si la tournée à quelque chose de répétitif, tu apprends à chaque fois.
Marlon : on n’a pas vraiment appris de chose mais on est passé en mode professionnel, on a franchi un cap. Après tu as toujours la passion, et quoi qu’il arrive même si tu es un peu fatigué ou blasé ce soir là, tu montes sur scène et tu te donnes parce que c’est quand même un métier très très cool !
Quelle est la chose la plus pénible en tournée ?
Marlon : c’est le fait qu’on a un camion un peu pourri, on est serré dedans. Le plus pénible c’est les transports, c’est fatigant. C’est aussi le fait d’être tout le temps les uns sur les autres.
Qu’écoutez vous en ce moment ? Avez-vous découvert des groupes durant la tournée ?
Marlon : pfff (il cherche) j’ai découvert Death in Vegas.
Clémence : dans le bus, on écoute beaucoup Michael Jackson, un best of avec tous ses tubes. Et Igor Dewe, (ils chantent : « sexual obsession ») c’est un artiste qui cartonne en ce moment, une sorte de sex-symbol gay qui va draguer dans les fourrés des Tuileries dans son clip, c’est trop marrant.
Vous avez le trac avant les concerts, vous avez une routine ?
Clémence : moi j’essaye juste de me préparer, je me maquille, je m’habille, j’essaye de rester calme, de m’entraîner un peu, mais les garçons stressent beaucoup moins que moi. Jusqu’au dernier moment ils sont cool, moi je suis incapable de faire ça, il faut que je me mette dans le contexte.
Vous avez déjà tourné aux Etats-Unis avant la sortie de l’album, une autre tournée est-elle prévue là bas ou ailleurs à l’étranger ?
Clémence : oui, on va essayer d’aller jouer aux Etats-Unis et au Japon l'an prochain.
Ca frémit pour vous là bas ?
Clémence : non mais le Japon nous attire beaucoup. Apparemment il y a une scène de ouf là bas.
Nouvel album en vue ?
Clémence : ça on ne pourra jamais dire. Pour le premier, les garçons pensaient que ça allait être fait en trois semaines.
Marlon : ... tous les morceaux étaient déjà écrits mais ça a été comme la guerre de 14 : on croyait que ça allait être plié en trois semaines et en fait ça nous a pris un an et demi-deux ans.
Vous faites toujours du surf ? Ca ne vous manque pas en tournée et à Paris, à vous les Biarrots ?
Sasha (qui vient d’atterrir de façon inespérée sur la chaise en face de nous) : j’en ai fait cet été. En fait j’aimais bien le surf mais après ça m’a un peu passé, quoi. Les gens qui disent que La Femme a deux passions : le surf et le rock, en fait c’est faux.
Marlon : le surf, on baigne dedans depuis qu’on est petits mais ce n’est pas notre grande passion. Ne pas voir la mer ne nous rend pas malade.
La Femme idéale de La Femme ?
Sasha : ma sœur, ma mère et ma grand-mère (rire général)
Marlon : c’est une femme accomplie, qui va vouloir ton bonheur, qui sait à la fois être douce tout en sachant être ferme à certains moments. Ce serait Marlene Dietrich, Barbara et Clara Rockmore (virtuose du thérémine dont joue Sasha) pour les mains.
Vous vous voyez où dans 10 ans ?
Marlon : Je ne sais pas, ça ou autre chose, mais je serais artiste toute ma vie. Et je voudrais mon manoir, avec des passages secrets.
Sasha : on pourrait ouvrir un bar rock.
Marlon : on voulait faire un resto où ce serait un euro et il n’y aurait qu’un seul plat. Après on enlève les tables et on fait un bal musette.
Vous êtes dans quel état d’esprit pour ce soir à Rock en Seine ?
Marlon : faut tout niquer, encore plus qu’aux Vieilles Charrues !
La planche de surf (pour surfer sur le public comme à Carhaix) ?
Marlon : Oui bien sûr on va essayer de la sortir, mais que si le public le mérite !
La Femme est en concert samedi à Rock en Seine (17h55, Scène Cascade)
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