L'"hindi-rock" de Nirmaan où l'éclectisme des Vieilles Charrues
A l'heure même où se produisait Julien Doré, programmé entre Bertrand Cantat et son groupe Détroit et Arctic Monkeys, Nirmaan a embarqué modestement 2.000 personnes dans un "hindi-rock" original, ciselé pour la scène, avec un final façon Bollywood. Pendant plus d'une heure, la chanteuse Parveen Sabrina Khan, qui a grandi au Rajasthan, a servi ses textes en hindi, soutenus par les sonorités rock et électriques de quatre musiciens jusque là plus connus dans les fest-noz bretons. Mais la batterie, la guitare électrique, le violon et la clarinette basse se sont mis au diapason de la voix de la jeune indienne.
Des morceaux traditionnels indiens pour un rock exotique
"C'est plus qu'une fusion entre nous", souligne Parveen Sabrina Khan lors d'une rencontre avec l'AFP après le concert. "Nous inventons quelque chose, une nouvelle identité". Ses chansons s'inspirent cependant du chant classique indien qu'elle a appris chez elle, avec un maître", raconte la jeune femme, indienne par son père, bretonne par sa mère. "Je chante des morceaux traditionnels indiens mais aussi des textes que nous avons créés ensemble, qui parlent d'amour mais selon la tradition indienne, avec beaucoup de métaphores", a-t-elle expliqué. Des textes entrecoupés de longs tempos musicaux, durant lesquels les musiciens donnent la pleine puissance de leur inspiration électrique, au service de sonorités indiennes voire moyen-orientales.
Héritiers des traditions orales
La scène Gwernig dont la programmation est assurée par une association, la Fiselerie, à laquelle les responsables des Vieilles Charrues donnent depuis quelques années carte blanche. "Notre programmation est construite autour des musiques traditionnelles", racontent les programmateurs, Tangui Le Cras et Gwendal Le Coz. "Avant, on était essentiellement centrés sur la Bretagne. Mais on s'est repositionnés et on s'est ouverts sur les musiques traditionnelles d'Europe, et maintenant, au-delà". "Les artistes que nous invitons prennent leur source dans la culture et la tradition orales", dit Tangui Le Cras. "Les musiques traditionnelles sont tout sauf des musiques figées", plaide-t-il.
Ainsi ont-ils invité cette année les Dakh Daughters, des Ukrainiennes qui ont livré un spectacle proche de l'univers du cabaret ou la Réunionnaise Christine Salem, une des rares voix féminines du maloya, genre musical héritier des chants d'esclaves. Dimanche, il faudra aussi compter sur Coetus, qui met en lumière le patrimoine culturel espagnol.
"Les esthétiques qu'on défend, on les voit peu dans les médias", pointe Tangui Le Cras. Mais l'éclectisme et la diversité sont aussi une force des Vieilles Charrues, sa "marque de fabrique" aime à souligner Jean-Jacques Toux, le programmateur du Festival des Vieilles Charrues, dont la 23e édition s'achève dimanche à Carhaix (Finistère).
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