Bob Dylan, un Nobel de littérature peu disert, en concert à Las Vegas
Presque pas de titre mythique, pas une seule photo autorisée, pas même un "Bonsoir Vegas!". Lors de ce concert, Bob Dylan enchaîne les morceaux -de "High Water (for Charley Patton)" au crépusculaire "Soon after Midnight", imperturbable, il joue ses derniers albums sortis au tournant du siècle. Pas de "Mr Tambourine Man", ni "Like a Rolling Stone" ni "Subterranean Homesick Blues" : il fait l'impasse sur son répertoire classique. Et ses 3.000 fans réunis à l'hôtel Cosmopolitan ont dû attendre le rappel pour entendre "Blowin' In the Wind" (1963), la chanson peut-être la plus célèbre de son vaste répertoire.
Reconnu dès les années 60 comme "voix d'une génération" aux Etats-Unis, Bob Dylan n'a pas versé dans la nostalgie ce jeudi soir pourtant particulier. Le poète du rock n'roll est un homme peu disert et l'académie du Nobel, qui a annoncé la distinction jeudi matin, n'avait pas réussi à lui parler vendredi.
Bob Dylan n'a toujours pas parlé avec l'Académie
L'Académie a parlé avec l'agent de Dylan et le responsable de sa tournée", a expliqué à l'AFP son chancelier Odd Zschiedrich. Mais pas moyen d'avoir une conversation directe avec le chanteur, qui n'a pas dit un mot sur son prix lors du concert de jeudi soir à Las Vegas. Selon M. Zschiedrich, la situation n'est pas totalement inhabituelle. Mais le silence de la star pourrait être gênant pour l'Académie qui doit défendre un choix audacieux et controversé. "Lui attribuer le Nobel de littérature, c'est affligeant (...) Je trouve que l'Académie suédoise se ridiculise", a déclaré le romancier français Pierre Assouline, écrivain membre de l'académie Goncourt.Les lauréats sont invités chaque année le 10 décembre dans la capitale suédoise pour recevoir leur prix des mains du roi de Suède et donner un discours lors d'un banquet. L'Académie suédoise ignore encore si Bob Dylan a l'intention de venir.
Bob Dylan est le premier auteur-compositeur à obtenir la récompense, brûlant la politesse aux favoris des milieux littéraires comme Salman Rushdie, Adonis ou Ngugi wa Thiong'o.
Le Nobel ne perturbe pas le public de Dylan
Dans la salle, des hommes en chapeau de cowboys avec des moustaches effilées, un vieux rocker efflanqué en bandana et veste de moto, "On t'aime, Bob", crie un fan tandis que Dylan prend place au piano pour interpréter l'un de ses classiques : "Everybody Must Get Stoned". "Légende!", lance un autre admirateur pendant que le folk-rocker enchaîne "Highway 61, Revisited" et "It's All Over Now, Baby Blue", faisant lever les premiers rangs qui se mettent à danser.Pourtant l'homme de 75 ans devant eux vient de recevoir la même distinction que Rudyard Kipling, T.S. Eliot, Ernest Hemingway et Toni Morrison. "Il a fait beaucoup pour le mouvement pacifiste dans les années 60 et 70 et jusqu'à maintenant", confie Ray Staniewicz, un Américain de 65 ans. "J'ai aimé le concert. C'était un peu court mais je pense qu'il mérite un prix", lâche-t-il avant d'ajouter: "La littérature, je ne connais pas très bien pour tout vous dire".
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