Accusé de harcèlement sexuel, le rocker mexicain Armando Vega Gil se serait suicidé
Le corps d'Armando Vega Gil a été découvert à son domicile dans le centre de Mexico, selon le parquet. Peu de temps auparavant, le musicien avait tweeté un communiqué dans lequel il clamait son innocence et annonçait son intention de mettre fin à ses jours. Dans ce long message, il dit avoir fait l'objet sur Twitter d'accusations anonymes sous le hashtag #MeTooMusicosMexicanos. "Une fille m'a accusé d'agression et de harcèlement. Elle raconte que cela s'est passé quand elle avait 13 ans, ce qui fait que tout cela est grave, très grave. Eh bien, je l'affirme catégoriquement, cette accusation est fausse", affirme Armando Vega Gil.
https://twitter.com/ArmandoVegaGil/status/1112666222951391233
"Mieux vaut une fin terrible qu'une terreur sans fin"
"Ma vie s'est arrêtée, il n'y a pas de sortie. Je sais que sur les réseaux sociaux, je n'ai aucun moyen de me défendre, tout sera utilisé contre moi", poursuit-il. "Ma mort n'est pas un aveu de culpabilité. Au contraire, c'est une déclaration radicale d'innocence", justifie-t-il, ajoutant ne pas pouvoir supporter l'idée que son fils, âgé de 8 ans, souffre des accusations dont il fait l'objet. "Mieux vaut une fin terrible qu'une terreur sans fin", conclut le bassiste.Selon les médias mexicains, le compte Twitter @MeTooMusicaMx, qui dit diffuser des témoignages de victimes d'agressions sexuelles commises dans le milieu de la musique au Mexique, avait publié récemment un texte anonyme dans lequel une femme affirmait avoir été harcelée par Armando Vega Gil il y a dix ans, alors qu'elle était âgée de 13 ans. Cette personne racontait que le musicien, qu'elle avait rencontré par hasard sur un marché, l'avait fait venir chez lui à deux reprises et lui avait imposé des photographies et des commentaires à caractère sexuel.
Le compte Twitter était toujours actif mardi matin, mais le témoignage en question n'y était plus visible. Armando Vega Gil était l'un des fondateurs en 1983 du groupe "Botellita de Jerez", fusionnant du rock avec des rythmes mexicains traditionnels. Il avait également publié une vingtaine de livres, pour la plupart destinés aux enfants. Sa mort a suscité de nombreuses réactions consternées dans le milieu mexicain de la musique.
Une vague #Metoo à retardement au Mexique
"Le mouvement #MeToo est fondé, bien sûr. Mais il a aussi un double tranchant, qui sont les dénonciations anonymes", a ainsi commenté Pascual Reyes, chanteur du groupe de rock San Pascualito Rey. "Tout cet anonymat déforme le mouvement, avec toutes ces calomnies anonymes. Twitter, c'est se mettre au coeur même de l'enfer", s'est idigné Tito Fuentes, du groupe Molotov.S'il n'avait pas eu beaucoup de succès au Mexique lors de sa naissance en 2017, le mouvement mondial #MeToo contre les violences faites aux femmes a pris soudain de l'ampleur dans le pays ces dernières semaines, avec une multitude d'accusations provenant des milieux universitaires, de la musique, du journalisme ou encore des organisations non gouvernementales.
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