Rencontre avec Nusky et Vaati, les nouveaux ovnis du rap français
Les textes de Nusky peuvent être aussi crus que les productions de Vaati sont brillantes. Avec ce projet doux-amer, le duo se situe à mi-chemin entre le rap et la pop. A la terrasse d'un café à Paris, silence. Les principaux intéressés sèchent. "En fait, on est très mauvais pour dire ce que l'on fait. Ce n'est pas vraiment réfléchi", confie Vaati. A l'écoute de son projet solo, Adventures, on soupçonne le beatmaker de 19 ans d'apporter la touche pop du duo quand Nusky, du collectif La Race Canine, débarque avec son flow. "Pas forcément. Dans notre prochain projet, Nusky va apporter un côté chanson plus que rap. Rien n'est défini", explique le beatmaker qui a tiré son pseudo d'un personnage du jeu vidéo Zelda.
A l'image de leur musique, leurs influences sont multiples. Le duo cite pêle-mêle Jul, Michael Jackson et Bob Dylan. "Très belle liste !", s'amuse le rappeur-chanteur. "Le premier groupe dont j'ai été fan, c'était les Doors", poursuit-il. Vaati quant à lui se souvient : "J'ai commencé à m'intéresser à la musique vers dix ans avec des groupes de blues. J'aimais bien les Stones", comme en atteste son tee-shirt gris avec "Sticky Fingers" imprimé. C'est grâce à Aretha Franklin que les deux acolytes se sont connus. En 2014, Nusky tombe sur "L.O.H", une production de Vaati réalisée avec un sample de la diva soul. Un message Facebook et trois titres plus tard, les deux jeunes artistes sortent "Lecce", leur première mixtape sortie en décembre 2014.
"On est trop libres pour les codes du rap"
Les deux Parisiens avaient déjà un son atypique que l'on retrouve sur leur dernière mixtape en date, "Swuh", sortie en juillet 2015. D'un titre à l'autre, le duo expérimente des structures baroques comme sur "Katsumi". "On essaye d'avoir des structures riches. On n'a pas envie de faire deux fois de suite le même morceau. Pourtant, c'est facile à faire dans le rap", raconte Nusky. Vaati embraye : "Couplet-refrain-pont, ça marche toujours. Mais si la structure est trop symétrique, je trouve que ça perd de son charme. Personnellement, ça ne me dérange pas d'avoir un couplet plus court qu'un autre". A Nusky de conclure en rigolant : "On cherche la symétrie dans l'asymétrie. C'est le moment excitant de la composition où tu peux créer quelque chose d'original. C'est comme choisir son terrain pour construire sa maison !"Avec Nusky et Vaati, le beat et le texte jouent dans la même cour. Comme sur le dansant "Goodbye" ou "Fantôme", il n’est pas rare de trouver de longues introductions où le beatmaker de talent laisse vivre ses productions. "On est un duo beatmaker / rappeur. Dans le rap, les artistes font souvent appel à plusieurs beatmakers donc ils accordent moins de place aux instrus. Pour moi, les productions ne sont pas à dissocier des paroles. C'est un tout", détaille Vaati. "En étant que deux, on respecte vraiment nos rôles à leur juste valeur", complète Nusky. En l'espace de deux mixtapes, ils ont balayé les codes du rap français. L'air de rien. "On est trop libres", assure le rappeur, sourire aux lèvres.
Des textes sadiques et romantiques
Nusky parle d'amour. Beaucoup. "Je veux raconter ce que j'ai vécu. Je noirci parfois, mais je n'invente jamais. Je suis un sadique-romantique", explique-t-il. En 2014, le duo décrivait son style comme "doux et poisseux". Et si c'était ce qui les résumait le mieux ? "Un peu, je pense", hésite Nusky. "Personnellement, je crois que ça résumait plutôt l'esprit de notre première mixtape", contredit Vaati. "Le prochain projet sera pailleté, flamboyant, énergique" promet-il, laissant entrevoir leur nouveau terrain de jeu à découvrir à l'automne.Nusky et Vaati sont en concert à Rock en Seine. Samedi 27 août - 20h00 - Scène Île-de-France.
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