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Le show oratoire de JoeyStarr à l'Assemblée nationale
JoeyStarr, rappeur et comédien à la voix puissante et rocailleuse, était l’invité surprise mardi soir à l'hôtel de Lassay à Paris, la résidence du président de l'Assemblée, François de Rugy (LREM), pour déclamer devant députés et jeunes orateurs les grands discours de la pièce "Eloquence à l'Assemblée" de Pierre Grillet and Jeremie Lippman.
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La force du verbe
Le chanteur de "NTM", Lunettes et vêtements noirs, est entré sur scène au son d'un battement de cœur, sous les lustres de la salle des fêtes de l’Hôtel de Lassay. Robespierre est convoqué d’emblée pour ces extraits de plus de deux siècles de discours parlementaires, de Hugo à Malraux en passant par Jaurès ou Lamartine.Dans l'assistance, plus de 300 personnes, dont des députés, surtout LREM, (80 étaient inscrits) et quelques "people" comme les animateurs Karine Lemarchand ou Stéphane Plaza.
Se disant conscient des critiques que pouvait susciter cette invitation iconoclaste de celui qui a connu quelques démêlés avec la justice, François de Rugy plaide notamment qu'"on ne devrait jamais sous-estimer la force des mots", rappelant l'hommage rendu l'après-midi même dans l'hémicycle "par la force du verbe" aux victimes de l'attentat de Trèbes, auxquelles JoeyStarr a dédié une minute de silence.
Les discours choisis résonnent avec l'actualité. C'est le cas du plaidoyer pour "détruire la misère", "maladie du corps social comme la lèpre", de Victor Hugo en 1849, ou des propos d'Aimé Césaire en 1949 sur le sentiment d'"injustice" en outre-mer.
A l'heure de #metoo, la parole est aussi donnée à Olympe de Gouges, le rappeur - Didier Morville à l'état civil - disant au passage sa fierté d'être là et assurant bravache: "dit par moi, ça le fait !". "Homme, es-tu capable d'être juste? (...) Dis-moi, qui t'a donné le souverain empire d'opprimer mon sexe ? Ta force ? Tes talents ?", tonne la féministe de la Révolution par son intermédiaire.
"Petit acte citoyen"
Parmi la centaine d'étudiants venus voir de près le "Jaguar", certains viennent d'Eloquentia, concours d'éloquence en Seine-Saint-Denis, dont Joey Starr est originaire. L’un d’eux, âgé de 25 ans, juge "beau" de voir un artiste "différent de nous aujourd'hui, mais qui finalement part du même chemin". Un autre de 23 ans, de l'Ecole nationale de la citoyenneté, espérait, lui, "du trash" et des "messages qui ont du sens", et puis "des barres de rire". Mais à l'issue, il juge le spectacle "surprenant", assimilant l'acteur à "un père qui engueule ses enfants". "Ça rend aussi l'Assemblée plus accessible", se réjouit aussi une étudiante de 21 ans.Côté députés, venu comme d'autres LREM, tels Guillaume Chiche ou Olivier Véran, le président de la commission des Affaires culturelles Bruno Studer, observe que même si le côté "bad-boy" de JoeyStarr "tranche un peu quand même" avec le passé de l'institution, "tout ce qui va dans le sens de rapprocher l'Assemblée notamment des jeunes est le bienvenu". Et non loin de là, Virginie Duby-Muller (LR), passée avec quelques collègues LR, salue un acteur "duquel émane beaucoup de sensibilité".
Le spectacle s'achève avec un plaidoyer pour la culture d'André Malraux: "Chaque enfant de France a droit aux tableaux, au théâtre, au cinéma comme à l'alphabet" suivi d’applaudissements nourris.
Après ce qu'il revendique comme "un petit acte citoyen" à l'Assemblée, la prochaine étape pour le comédien et la pièce de Pierre Grillet et Jérémie Lippman, déjà jouée dans un théâtre parisien et une gare, sera une représentation... en prison
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