Le rappeur Orelsan rejugé pour provocation à la violence envers les femmes
Les poursuites ont été engagées par plusieurs associations féministes à l'encontre de l'artiste, au coeur d'une vive polémique en 2009 pour sa chanson "Sale Pute". Ce titre lui avait valu d'être poursuivi par l'association "Ni putes ni soumises" mais il avait été relaxé en juin 2012.
Ce sont d'autres chansons, interprétées notamment lors d'un concert au Bataclan à Paris en mai 2009, qui lui ont valu d'être condamné par le tribunal correctionnel de Paris le 31 mai 2013, jugement qu'il conteste mercredi devant la cour d'appel.
Son avocat, Me Simon Tahar, avait alors déploré que la justice ait ouvert une "voie large, grave, à la censure de la création artistique". De son côté, le conseil des associations poursuivantes, Me Alain Weber, avait salué une "victoire" dans la lutte contre la banalisation des violences faites aux femmes.
Déjà condamné en 2013
La ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem avait salué "un rappel à la loi bienvenu" et "un signe encourageant pour la société française" montrant que "la tolérance à l'égard des violences faites aux femmes et des stéréotypes sexistes régresse". "Les féministes me persécutent, comme si c'était d'ma faute si les meufs c'est des putes", le tribunal avait condamné une injure sexiste.
Pour "renseigne-toi sur les pansements et les poussettes, j'peux t'faire un enfant et t'casser le nez sur un coup de tête", ainsi que "ferme ta gueule ou tu vas de faire marie-trintigner (...)", Orelsan avait été reconnu coupable de "provocation à la violence à l'égard d'un groupe de personnes à raison de leur sexe".
Récupération de la mort de Marie Trintignan "choquante"
Les juges de la 17e chambre du tribunal correctionnel avaient souligné que le néologisme "marie-trintigner" employé dans la chanson "Saint-Valentin" marque le point culminant de la "banalisation des violences faites aux femmes".
Ils avaient estimé que la mort tragique de l'actrice Marie Trintignant, morte sous les coups de son compagnon Bertrand Cantat, était ainsi récupérée "d'une manière particulièrement choquante pour servir la rime", étant présentée "comme une simple menace qui peut être mise à exécution si la femme-objet évoquée dans la chanson (...) ne se soumet pas en silence aux volontés de l'homme".
Lors du premier procès, le rappeur avait fait valoir sa liberté de création, expliquant qu'il s'agissait bien de "fiction". Le parquet était allé dans son sens, soulignant que la lecture intégrale des textes permettait bien de comprendre que "chacune des chansons" racontait une "histoire particulière".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.