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Guéguerre du rap français : Rohff en garde à vue après une agression

Le rappeur Rohff, soupçonné d'avoir participé à une bagarre dans une boutique du quartier des Halles distribuant les vêtements de la marque de son rival Booba, a été placé mardi en garde à vue. Il s'agit d'un nouvel épisode d'une guerre à laquelle se livrent les deux artistes depuis des mois. Le concert qu'il devait donner samedi au Zénith de Strasbourg, a été annulé.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Rohff (3 octobre 2013)
 (Lejeune / PhotoPQR / Le Parisien / MAXPPP)
Un autre concert prévu la veille, vendredi, au Transbordeur de Lyon, devrait être également annulé, a indiqué la salle. Dans le cadre d'une tournée pour la promotion de "PDRG", dernier album en date, d'autres concerts sont également programmés, notamment à Marseille (2/5) et Metz (30/5).
Rohff  s'est rendu lui-même à la police mardi vers 4h du matin, quelques heures après la rixe, accompagné de son avocat, "pour s'expliquer". Son audition était toujours en cours en fin de journée.
 
Tout a débuté lundi en fin d'après-midi quand Rohff, accompagné de plusieurs autres personnes, s'est présenté dans une boutique de la rue de la Ferronnerie, dans le 1er arrondissement de Paris. Le rappeur "ne nie pas sa présence dans ce magasin", a précisé son avocat, Francis Terquem, au micro de BFMTV.
 
Des mois de guerre verbale
La boutique distribue les vêtements de la marque Unküt appartenant à son grand rival, le rappeur Booba. Les deux artistes s'attaquent régulièrement depuis plusieurs mois dans leurs chansons, sur les réseaux sociaux et pendant leurs concerts. Mais, jusque-là, l'affrontement en était resté aux mots et aux provocations.
 
Récemment, Booba, qui vit entre la France et Miami, aurait invité Rohff, après un énième clash, à venir en découdre avec lui à Paris.
 
Selon Me Terquem, l'artiste s'est bien rendu dans ce magasin en raison du "climat d'animosité, qui semble-t-il est patent entre ces deux rappeurs, et des provocations sur des réseaux sociaux qui ont un peu mis le feu aux poudres".              
 
Un employé frappé jusqu'au coma
Et, peu après leur arrivée, "une bagarre violente a éclaté avec l'un des employés, un homme de 19 ans", a expliqué une source policière. "Peut-être est-ce en raison de la rivalité des deux artistes, mais peut-être pas, ce sera à l'enquête de le déterminer", a tempéré un enquêteur.
 
"Cela ressemble en tout cas à une expédition punitive", a estimé une autre source policière. L'employé a été sérieusement blessé, frappé à coups de poing et à coups de pied et a dû être hospitalisé. Son pronostic vital a été réservé pendant quelques heures mais il est sorti du coma. "A priori, il n'a pas été très loquace", a assuré une source proche du dossier.
 
"Ce qui s'est passé est vraiment lamentable", a réagi Olivier Cachin, journaliste spécialisé dans le rap. "Avant, il y a eu les violences verbales, des posts agressifs et des photomontages sur les réseaux sociaux mais ça ne dépassait pas des échanges musclés à distance, du style 'qui a la plus grosse'".
 
Un argument pour les détracteurs du rap ?
"Cette affaire est tragique. Dès que j'ai appris ce qui s'était passé dimanche soir, j'ai pensé à ceux qui détestent cette culture et qui vont en profiter pour taper sur le rap. L'image du rap est en danger. Le hip hop connaît de grands artistes et de très belles ventes mais l'équilibre est fragile. Il ne faut pas grand-chose pour que la haine contre cette musique se réinstalle", a-t-il ajouté.
 
Mais pour Tchulo et Hugo, des jeunes travaillant dans un magasin voisin, interrogés par l'AFP dans le quartier des Halles, cette bagarre ne risque pas de semer la zizanie parmi les amateurs du rap. "En banlieue dans le même quartier, il y en a qui préfèrent Booba et d'autres Rohff, ça m'étonnerait qu'ils se tapent entre eux pour ça. Les gens ont une tête, ils savent que le clash Booba-Rohff c'est plutôt du marketing", a estimé l'un d'eux.

En février 2013, la voiture d'un autre rappeur, La Fouine, lui aussi coutumier des clashs médiatiques notamment avec Booba, avait été la cible de coups de feu à Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne) alors que l'artiste n'était plus dans son véhicule. "Je hais Booba, je le déteste mais c'est artistique", avait-il déclaré quelques jours plus tard pour tenter de ne pas envenimer le climat.

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