Paul McCartney au Stade de France : la magie Beatles toujours vivante
Paul n’est pas dupe, le public qui assiste à ses méga concerts vient davantage écouter l’ancien Beatle que l’artiste mûr qu’il est devenu. Et dès avant la première chanson, il sait que tout est gagné. Quand les premières notes de "Eight days a week" vibrent dans l’immense stade de France et dans les 80 000 paires d’oreilles qui n’attendaient que cela, toutes les têtes plus ou moins dégarnies, plus ou moins blanches qui composent une bonne partie de son public bénéficient d’une cure de jeunesse de 50 ans… Et combien d’entre elles y vont de leur petite larme, à un moment ou un autre, au gré des souvenirs de chacun rattachés à "Hey Jude" ou "Let it be" ?
La jeunesse
Mais ce qui étonne avant tout c’est la jeunesse. Parmi les quinqua et sexagénaires attendus, de nombreux adolescents, des spectateurs dans leur vingtaine ou leur trentaine arborent des tee-shirts des Beatles et paraissent aussi bien maîtriser le répertoire que leurs aînés. Corentin, 21 ans, va jusqu’à porter sur l’avant-bras un simple tatouage en lettres cursives "Let it be… ".La jeunesse du public étonne mais celle de l’artiste lui-même surprend tout autant. A quelques jours de son soixante-treizième anniversaire, Paul McCartney affiche une forme presque incroyable. Lui que l’on croyait promis à un âge mûr enveloppé et rondouillard présente une silhouette de trentenaire en pleine forme. Ses traits eux-mêmes semblent avoir rajeuni. Il chante pendant trois heures sans qu’on l’aperçoive même boire une gorgée d’eau. Quant à sa voix, surtout, elle n’a rien perdu de sa puissance, de sa musicalité, ni de ses nuances.
Fidélité
Très fidèle aux enregistrements originaux, Paul McCartney n’a apporté que quelques modifications à l’interprétation des chansons des Beatles et de son groupe Wings. C’était sans doute ce que venait chercher le public et ce que l’artiste avait envie de lui offrir.Toujours quatre
Par la magie de la musique et de la seule présence d’un unique membre du quatuor, les dates honnies par les amoureux des Beatles, le 8 décembre 1980 et le 29 novembre 2001, sont abolies, rayées des calendriers. Pour tous, John Lennon et George Harrison, les deux Beatles disparus, entourent à nouveau Sir Paul, alors que plane parfois sur le concert la présence pleine d’humour du quatrième fab, Ringo Starr, l’autre survivant.Quatre hommages
En trois heures, Paul McCartney a rendu quatre hommages. Le premier à son épouse actuelle, Nancy Shevell, à qui il a dédié "My Valentine ", le deuxième à Linda son épouse disparue en avril 1998 et deux autres à son "pote"(en français dans le texte) John, et à son "frère" (également en français) George. Au premier, son alter ego assassiné, il dédie un dialogue imaginaire et post mortem "Here today". Au second, le quiet beatle, c’est au Ukulélé qu’il offre une reprise de sa chanson "Something". Personne n’a été oublié. Personne ? Nombreux ont été les spectateurs à remarquer que le nom de Ringo Starr n’a jamais été prononcé. Hormis une allusion à travers quelques notes de la célébrissime chanson potache "Yellow submarine", Paul a semblé considérer qu’il était le seul héritier de l’aventure Beatles.Paul tel que lui-même
Le baladin de "Yesterday", le rocker de "Helter Skelter", l’électro performer de "The Fireman ", le compositeur classique du "Liverpool oratorio", le nostalgique auteur de "Chaos and Creation in the Backyard", tous ne font plus qu’un en celui qui est devenu au fil du temps le super-Beatle, héritier d’une saga qui n’aura pas duré une décennie. Quarante-cinq ans après la séparation des Fab Four, leurs chansons auront autant marqué l’histoire de la musique populaire que la vie des millions de terriens qu’elles auront accompagnée.Quarante-quatre chansons
En trois heures de concert, sir Paul McCartney interprète quarante-quatre chansons de toutes les époques… Une de plus qu’au stade vélodrome, à Marseille, le 5 juin dernier. Sur la playlist de Macca, des morceaux publiés sous son seul nom, d’autres qui datent de l’époque de Wings mais surtout vingt-huit œuvres cosignées Lennon-McCartney écrites et composées entre 1962 et 1970. A chacune d’elles, la foule répond par une acclamation immense, entonnant les paroles dès les premiers accords. Et c’est, hélas, la seule nuance (vraiment la seule) à apporter au plaisir qu’il y a eu à passer ces trois heures hors du temps. Une grande partie de l’audience trouve un plaisir physique à chanter, et parfois hurler avec Paul, gâchant un peu le plaisir de ceux qui sont venus davantage pour écouter la musique que pour participer à une grand-messe nostalgique. Mais au moins, elle chante… Elle ne crie plus comme à l’heure de la Beatlemania qui avait contraint les Fab Four à renoncer à monter sur scène.
And in the end
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