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Avec "La même tribu", en duos, Eddy Mitchell fait redécouvrir quelques-uns de ses tubes
Eddy Mitchell a retrouvé sa "tribu". Six mois après le premier volume paru à l'automne 2017, il invite quelques-uns de ses copains artistes pour des reprises en duo de certains de ses incontournables succès. Monsieur Eddy signe ainsi son 38e album studio. Et même si la mode des duos s'est beaucoup répandue ces dernières années, le casting et les arrangements placent cet album au-dessus du lot.
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Reportage : Michel Vial.
Eddy Mitchell n'a pas été emballé tout de suite par le projet, initialement présenté comme un hommage. Mais la possibilité de revisiter ses chansons, la présence de Rob Mounsey, collaborateur de Quincy Jones pour les arrangements, l'a finalement convaincu.
Le disque permet donc de redécouvrir des titres qu'on croyait bien connaître sous un nouvel habillage et grâce à la participation de Calogero, Véronique Sanson, Thomas Dutronc, Laurent Voulzy, William Sheller notamment, et Arno, le seul à figurer dans les deux volumes. Le premier contient aussi le dernier duo avec Johnny Hallyday ("C'est un rocker"), un morceau que l'on écoute aujourd'hui avec émotion. Les deux potes s'étaient connus adolescents à la fin des années 50 dans le quartier de la Trinité à Paris et la musique a scellé une amitié tant personnelle que professionnelle qui ne s'est jamais démentie.
"Il faut penser que des gens comme Presley, Gene Vincent ou Jerry Lee Lewis qui sont des rockers, leurs plus grands succès ont été des slows !", raconte Eddy Mitchell. "Ils avaient beau faire du rock and roll de manière extraordinaire, c'étaient aussi des grands crooners ! Pourquoi moi je n'aurais pas mélangé les deux ?"
"Attention, ce n'est que de la chanson !" prévient le chanteur. Il n'empêche, l'ancien môme de Belleville, que son père - mécano à la RATP - venait chercher à la sortie de l'école pour l'emmener au cinéma, a bel et bien écrit des petites nouvelles comme des courts métrages au ton désabusé et aux mélodies douces amères qui traversent le temps. Et si on ne connaît de lui que ses chansons, sa passion pour le cinéma et cet humour décalé qu'il applique à tous et à lui-même, ses valeurs personnelles n'en demeurent pas moins l'honnêteté et l'authenticité.
La scène à laquelle il a renoncé en 2011 ne lui manque pas. Il ne détesterait pas avoir seize ans aujourd'hui, à condition d'avoir l'expérience de son âge. Et il trouve que "vieillir est vraiment un jeu d'enfant" même s'il faut se forcer à certains moments. Il n'a en tous cas pas l'impression d'avoir fait le tour de son métier. Autrement dit, Claude Moine continuera d'écrire et Eddy Mitchell continuera de chanter ses héros et ses légendes, pour la plupart des musiciens qui lui permettent de rester fidèle aux rêves de son adolescence.
Eddy Mitchell "La même tribu" (volume 2) Polydor / Universal
Eddy Mitchell "L'intégrale : acte 1 (1962-1979) 23 CDs Polydor / Universal
Eddy Mitchell n'a pas été emballé tout de suite par le projet, initialement présenté comme un hommage. Mais la possibilité de revisiter ses chansons, la présence de Rob Mounsey, collaborateur de Quincy Jones pour les arrangements, l'a finalement convaincu.
Calogero, Sanson, Dutronc et ...Gregory Porter en cerise sur le gâteau
Sans oublier la cerise sur le gâteau, la version anglaise de "Sur la route de Memphis" interprétée avec Gregory Porter. "J'ai été vraiment enchanté que Gregory Porter accepte de chanter avec moi, parce que, honnêtement, Eddy Mitchell ça ne lui disait rien !", lance le chanteur. "Mais la chose qui l'a intéressé, c'est que lui, chanteur de jazz, n'avait jamais chanté de country !: Et en plus, il est de Memphis, alors il a dit ouais je prends !"Le disque permet donc de redécouvrir des titres qu'on croyait bien connaître sous un nouvel habillage et grâce à la participation de Calogero, Véronique Sanson, Thomas Dutronc, Laurent Voulzy, William Sheller notamment, et Arno, le seul à figurer dans les deux volumes. Le premier contient aussi le dernier duo avec Johnny Hallyday ("C'est un rocker"), un morceau que l'on écoute aujourd'hui avec émotion. Les deux potes s'étaient connus adolescents à la fin des années 50 dans le quartier de la Trinité à Paris et la musique a scellé une amitié tant personnelle que professionnelle qui ne s'est jamais démentie.
Ligne de jeunesse
Comme Johnny Hallyday, Eddy Mitchell a résisté aux modes mais moins opportuniste sans doute que Johnny, il a davantage gardé sa ligne et ses élans de jeunesse. En témoigne le premier tome d'une nouvelle intégrale couvrant les années 1962-1979. 23 CDs qui regroupent 20 albums studio et 3 albums "live" dans lesquels Monsieur Eddy a réussi à imposer sa voix de velours entre rock, blues et country. Et en associant deux qualificatifs qui paraissent à priori contradictoires, rocker et crooner."Il faut penser que des gens comme Presley, Gene Vincent ou Jerry Lee Lewis qui sont des rockers, leurs plus grands succès ont été des slows !", raconte Eddy Mitchell. "Ils avaient beau faire du rock and roll de manière extraordinaire, c'étaient aussi des grands crooners ! Pourquoi moi je n'aurais pas mélangé les deux ?"
Rockeur, crooner et chroniqueur
La réalisation d'une intégrale peut constituer l'occasion d'un retour en arrière. Ce n'est pas le genre de l'artiste dont le regard vis-à-vis du métier a toujours été distancié. Du côté de ceux qui le suivent depuis plus de cinq décennies en revanche, la liste impressionnante de ses chansons permet de mesurer à quel point il aura composé la bande son de deux générations, en chroniqueur aigu et pince-sans-rire d'une société de plus en plus aliénante. De "Société anonyme" au "Cimetière des éléphants" en passant par "Je vais craquer bientôt" sans oublier "Il ne rentre pas ce soir" ou "A crédit et en stéréo" parmi des dizaines d'autres, Claude Moine l'auteur et Pierre Papadiamandis le compositeur évoquent la vie ordinaire des petites gens victimes du néo-libéralisme."Attention, ce n'est que de la chanson !" prévient le chanteur. Il n'empêche, l'ancien môme de Belleville, que son père - mécano à la RATP - venait chercher à la sortie de l'école pour l'emmener au cinéma, a bel et bien écrit des petites nouvelles comme des courts métrages au ton désabusé et aux mélodies douces amères qui traversent le temps. Et si on ne connaît de lui que ses chansons, sa passion pour le cinéma et cet humour décalé qu'il applique à tous et à lui-même, ses valeurs personnelles n'en demeurent pas moins l'honnêteté et l'authenticité.
"Je ne fais pas un métier sérieux"
Pourtant en près de soixante ans de carrière, il aura connu peu de périodes basses, excepté entre 1969 et 1974. Et les doutes n'ont pas disparu avec le retour du succès. Monsieur Eddy ne s'est jamais senti arrivé, et encore moins pris au sérieux. "De toute façon je ne fais pas un métier sérieux... Enfin si on peut appeler cela un métier !", s'amuse Eddy.J'ai connu des hauts qui m'envoyaient en bas,
"Come back", 2010
Côtoyé la gloire et l'insuccès,
Cinquante ans de chansons derrière moi,
Il est temps de savoir où je vais
La scène à laquelle il a renoncé en 2011 ne lui manque pas. Il ne détesterait pas avoir seize ans aujourd'hui, à condition d'avoir l'expérience de son âge. Et il trouve que "vieillir est vraiment un jeu d'enfant" même s'il faut se forcer à certains moments. Il n'a en tous cas pas l'impression d'avoir fait le tour de son métier. Autrement dit, Claude Moine continuera d'écrire et Eddy Mitchell continuera de chanter ses héros et ses légendes, pour la plupart des musiciens qui lui permettent de rester fidèle aux rêves de son adolescence.
Eddy Mitchell "La même tribu" (volume 2) Polydor / Universal
Eddy Mitchell "L'intégrale : acte 1 (1962-1979) 23 CDs Polydor / Universal
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