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Pascal Nègre remplacé : une page se tourne à Universal

Pascal Nègre, figure de l'industrie musicale, a été remplacé jeudi à la tête d'Universal Music France, la plus grande maison de disques de l'Hexagone, un départ qui avait été précédé de nombreuses rumeurs sur un désaccord avec le patron de Vivendi, sa maison-mère.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Pascal Nègre le 13 décembre 2014 aux NRJ Music Awards, à Cannes
 (Nivière / NMA 2015 / Sipa)

Il sera remplacé par Olivier Nusse, actuellement directeur général du label Mercury Music Group et d'Universal Classic & Jazz France, a indiqué jeudi soir un communiqué d'Universal Music qui n'a pas fourni d'explications.

Le départ de Pascal Nègre, 54 ans, qui dirigeait la maison de disques depuis 18 ans, faisait l'objet de spéculations depuis plusieurs semaines, son contrat étant arrivé à échéance fin 2015.

Rumeurs de désaccords avec Bolloré

Selon Le Point, son départ serait lié à un "désaccord sur une réorganisation que voulait lui imposer Bolloré", le patron de Vivendi. Après Canal+, l'homme d'affaires "voulait reprendre en main Universal France", a précisé de son côté Le Figaro sur son site. "Il y avait des dissensions avec Bolloré", a déclaré à l'AFP une source proche de Pascal Nègre.

Selon une source interne à Universal Music, "Bolloré cherchait à placer un de ses proches à la tête du groupe, comme il le fait généralement dans les entreprises qu'il rachète".

"Je voudrais remercier Pascal pour l'ensemble du travail qu'il a réalisé et pour son engagement en faveur de notre entreprise tout au long d’une période pendant laquelle l’industrie musicale a connu de profondes transformations. Je lui souhaite tout le meilleur pour le futur", a commenté Lucian Grainge, PDG d'Universal Music Group, dans le communiqué du groupe.

"Bravo à Pascal Negre pour ton talent et ton engagement au sein d'UniversalMusic", a twitté l'ex-ministre de la Culture Fleur Pellerin.
https://twitter.com/fleurpellerin/status/700388497211916288

Pascal Nègre était depuis plus de 20 ans le visage de l'industrie musicale en France, et un porte-parole passionné des producteurs contre le piratage et pour la promotion du streaming.

Derrière l'homme avenant et un brin excentrique, aux discours passionnés et aux costumes colorés, se cachait un patron intransigeant pour qui la musique est une affaire de talent et de coups de coeur, mais aussi un "business" se mesurant en disques d'or, en passages télévisés et en nombre de vues du Youtube.

Une ascension rapide

Fils d'employés aux PTT, titulaire de maîtrises de philosophie et de mathématiques, Pascal Nègre était devenu PDG de Polygram, racheté ensuite par Universal, à l'âge de 33 ans, devenant l'un des plus jeunes patrons du secteur. Il a piloté la maison de disques pendant la pire crise jamais traversée par l'industrie musicale, réussissant à "imposer des courants musicaux et à conserver 45% des parts de marché en 2015", a fait valoir un proche cité par l'AFP.

Après avoir fait ses armes comme DJ sur une petite "radio libre", Pascal Nègre avait intégré le monde des maisons de disques et grimpé rapidement les échelons : attaché de presse chez BMG, directeur de la promotion chez Columbia, directeur général des labels Barclay puis Island et enfin PDG de Polygram.

Quand Universal devient propriétaire de Polygram, il est nommé PDG d'Universal Music France fin 1998. Arrivé à l'époque de l'"âge d'or" du CD, il a dû gérer l'explosion numérique qui a divisé par deux le chiffre d'affaires du secteur depuis quinze ans.

En lutte contre le piratage

Également porte-parole des grands producteurs en tant que président de la Société civile des producteurs phonographiques (SCPP) depuis 1995, Pascal Nègre a été en première ligne dans les années 2000 pour dénoncer les "pirates" s'échangeant gratuitement les fichiers musicaux sur internet.

Il a défendu vigoureusement la promotion d'une offre légale. Parfois critiqué pour ne pas avoir suffisamment anticipé l'ampleur de la révolution numérique, il a bataillé ensuite pied à pied pour défendre les revenus des producteurs face aux revendications des plateformes de streaming et aux représentants des artistes qui s'estiment lésés.

Pas d'état d'âme en matière de "business"

L'ex-membre du jury de la "Star Academy", qui l'a fait connaître au grand public, n'oubliait jamais non plus de faire la promotion de ses artistes sur Twitter.

Cependant, en matière de "business", Pascal Nègre, grand fumeur et noctambule, n'avait pas d'états d'âme. On l'a vu batailler devant les tribunaux pour conserver les droits sur les bandes de Johnny Hallyday quand le chanteur a rejoint Warner en 2004.

Certains artistes jugés non rentables furent aussi remerciés. Avec ses nombreux labels (Barclay, Polydor, Mercury, Capitol, etc.) et ses vedettes du moment (Kendji, Louane ou Nekfeu), Universal Music a connu une année 2015 "historique", soulignait dernièrement Pascal Nègre .

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