Une Arménie folk, jazz et classique à la Cité de la Musique
L'Arménie, pays caucasien ayant dû conjuguer durant des générations avec les voisinages ottoman, perse et russe, puis, plus récemment, turc, iranien et soviétique, s'est forgé une tradition culturellle millénaire, riche et plurielle. Aujourd'hui, s'y côtoient des pratiques musicales inspirées par l'Occident (chant polyphonique, musique symphonique, jazz) et l'Orient (une influence qu'on entend dans les musiques traditionnelles), sans oublier la musique sacrée (l'Arménie est le premier pays à avoir adopté le christianisme comme religion d'Etat en l'an 301).
Une soirée de mardi dédiée aux musiques traditionnelles
Mardi soir, place aux instruments traditionnels, dont l'emblématique duduk. Quatre spécialistes, en tête desquels Levon Minassian (avec Arthur Ghasabyan, Armen Ghazaryan, Tigran Zakaryan), vont proposer une démonstration de cet instrument qui évoque le hautbois et qui a été propulsé au-delà des frontières arméniennes avec l'avènement de la world music. On entend notamment Levon Minassian en ouverture de l'album "Passion" (1989) de Peter Gabriel, la bande originale de "La Dernière tentation du Christ" de Martin Scorsese. Minassian, qui a accompagné le chanteur anglais lors de sa tournée "Us" dans les années 1993-94, a également offert ses services à Sting dans l'album "Sacred Love".
"The Feeling begins", Peter Gabriel et Levon Minassian (1989)
Le duduk, instrument au son grave, velouté, très expressif, a conquis le musicien français Didier Malherbe, à l'origine saxophoniste, qui l'utilise depuis des années au sein du Hadouk Trio, un groupe de jazz et world, mais aussi le compositeur allemand Stephan Micus, passionné de sons et d'instruments du monde entier.
Hadouk Trio : "Le Théâtre des Singes", extrait de l'album "Now" (2002), en live
"C'est le printemps" ("Karoun a"), de Komitas, par les Armenian Voices, en concert à Saint-Florent-le-Vieil (Maine-et-Loire) en 2012
Déporté et torturé aux premières heures du génocide, Komitas fut sauvé grâce à des pressions internationales, mais la plus grande partie de ses archives et travaux furent détruits et pillés. Marqué à jamais par les épreuves subies, il a terminé sa vie à l'hôpital psychiatrique de Villejuif (Val-de-Marne), tout près de Paris.
Un samedi plus contemporain
La soirée de samedi aura pour maître d'oeuvre Tigran Hamasyan, pianiste virtuose de 25 ans, dont l'album "A Fable", cocktail de jazz et de musique traditionnelle, a fait grand bruit en 2011. Il jouera en première partie, en duo avec la pianiste arménienne Varduhi Yeritsyan, un répertoire combinant jazz et classique.
Tigran Hamasyan joue "A Fable", avec le musicien bulgare Theodosii Spassov au kaval (flûte originaire des Balkans)
En seconde partie, le natif de Gyumri reviendra en trio piano-basse-batterie (Sam Minaie à la basse, Arthur Hnatek à la batterie), avec un guitariste (Charles Altura) et un joueur de duduk (Norayr Kartashyan), pour interpréter son propre répertoire.
Dans l'après-midi de samedi, le public pourra assister à une table ronde consacrée aux musiques arméniennes (à 15H), puis à un concert classique donné par deux jeunes musiciens, le violoncelliste Narek Hakhnazaryan et la pianiste Gayane Akhnazaryan, sur des oeuvres, entre autres, d'Aram Khatchaturian (1903-1978).
> Toutes les infos pratiques sur la soirée de mardi, l'après-midi puis la soirée de samedi
> Site de Levon Minassian
> Site des Armenian Voices
> Site de Tigran Hamasyan
> Site de Varduhi Yeritsyan
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