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"Orfeo ed Euridice" au Théâtre des Champs -Elysées : Jaroussky et Petibon dans un opéra épuré porté par Carsen

Une affiche cinq étoiles, de la mise en scène à la distribution. Et la première de "Orfeo ed Euridice" de Gluck au Théâtre des Champ-Elysées a conquis la salle. Diego Fasolis a offert une direction enthousiaste (sur une partition écourtée) et Robert Carsen une mise en scène épurée. Il n'y avait plus qu'à se laisser emporter par les voix passionnées de Philippe Jaroussky et Patricia Petibon.
Article rédigé par franceinfo
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Philippe Jaroussky et Patricia Petibon dans le rôle d'Orphée et d'Eurydice dans "Orfeo Ed Euridice" de C.W Gluck.
 (Vincent Pontet)

La mise en scène du Canadien Robert Carsen brille par sa simplicité, tant au niveau des costumes que du décor. Le rideau se lève sur Orphée, vêtu d'un costume noir et dos au public. Dévasté par la mort de sa bien-aimée Eurydice, il crie son désespoir dans un décor morne et rocailleux qui fait écho à sa peine. Au pied de la colline, le seul élément de décor qui se dégage à la lumière des bougies est la tombe dans laquelle le chœur enterre Eurydice, sous les cris déchirants de son amant. 

Carsen fait de la tombe la pièce centrale de son décor, la transformant en un portail par lequel Orphée rejoindra le royaume des morts.

Jeux de lumières subtils

La sobriété du décor n'altère en rien sa finesse esthétique, reposant en grande partie sur les jeux de lumière soignés de Peter Van Praet. La scène d'ouverture en est un parfait exemple avec l'apparition du chœur, farandole d'ombres qui ondoient sur la colline. Ce sinistre cortège, qui rappelle le final du "Septième Sceau" d'Ingmar Bergman, symbolise l'inéluctable séparation d'Eurydice et Orphée.
Les jeux d'ombres sur la colline rappellent la scène finale du Septième Sceau d'Ingmar Bergman.
 (ARCHIVES DU 7EME ART / PHOTO12)
Lorsqu'Orphée fait irruption dans l'ambiance feutrée des enfers, son ombre portée est dédoublée. Jolie et simple façon de représenter l'errance du héros tragique. 

Un choeur dynamique et très présent

Le "Orfeo ed Euridice" de Gluck laisse beaucoup de place au chœur, au point d'en faire un personnage à part entière. Dès le début, c'est lui qui porte Euydice enveloppée d'un linceul blanc vers sa tombe et l'enterre.

Lors du deuxième acte, le chœur, dissimulé sous de fins draps blancs, incarne les morts qui s'animent à l'arrivée d'Orphée. Ils sortent de leur torpeur pour importuner le héros, dans une position allongée qui évoque ingénieusement les eaux ténébreuses du Styx.
Le deuxième acte, qui raconte la descente aux enfers d'Orphée, se joue sous une lumière rouge et feutrée.
 (Robert Kusel - Lyric Opera of Chicago)

Une complicité déchirante

La performance physique de Philippe Jarrousky en Orphée impressionne en particulier dans sa dimension d'acteur (il se jette à terre, son geste est dramatique). Les retrouvailles des deux amants, entre le désespoir d'Orphée et l'incompréhension d'Eurydice, donne lieu à un échange poignant.
Philippe Jaroussky et Patricia Petibon dans le rôle d'Orphée et d'Eurydice dans "Orfeo Ed Euridice" de C.W Gluck.
 (Vincent Pontet)
Philippe Jaroussky laisse libre cours à sa sensibilité lorsqu'il supplie sa belle de le suivre. Patricia Petibon excelle en Eurydice submergée par la colère. La tension dramatique atteint son apogée quand leurs regards se croisent et qu'Eurydice succombe pour la deuxième fois.

Trois ans après leur collaboration dans l'"Alcina" de Haendel, Philippe Jaroussky et Patricia Petibon n'ont rien perdu de leur complicité. Une alchimie qui fait d'"Orfeo ed Euridice" un spectacle captivant, d'une intensité dramatique touchante.

Distribution

Diego Fasolis - Direction
Robert Carsen - Mise en scène
Tobias Hoheisel - Scénographie et costumes
Robert Carsen et Peter Van Praet - Lumières

Philippe Jaroussky - Orfeo
Patricia Petibon - Euridice
Emőke Baráth - Amore
Chœur de Radio - France

I Barocchisti - Orchestre

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