"Parsifal" ovationné en ouverture du festival de Bayreuth
Ce rendez-vous estival traditionnel du gratin politico-économique allemand, vieux de 140 ans, ouvre sur la dernière production de "Parsifal" qui, selon des rumeurs néanmoins formellement démenties par le metteur en scène, l'Allemand
Uwe Eric Laufenberg, pourrait être perçue comme une critique de l'islam. Les interprètes ont été vivement applaudis à la fin des six heures de
représentation.
Klaus Florian Vogt, Georg Zeppenfeld et Elena Pankratova au sommet
Le ténor vedette, Klaus Florian Vogt, a été célébré pour son interprétation du rôle-titre, de sa voix de ténor claire, caractéristique.Le baryton-basse allemand Georg Zeppenfeld lui a presque volé la vedette dans le rôle de Gurnemanz, et la soprano russe Elena Pankratova, qui faisait ses débuts à Bayreuth, a réussi une performance stupéfiante en Kundry.
Harmut Haenchen, le chef d'orchestre arrivé dans le projet il y a seulement trois semaines, quand le maestro Andris Nelsons s'est retiré à la dernière minute, a également été acclamé pour sa lecture transparente et légère de la
partition.
Alors que le public ovationnait la performance à la fin de la soirée, les critiques ont décrié la mise en scène d'Uwe Eric Laufenberg. L'Allemand a transposé la fable médiévale autour de la Table Ronde de Wagner au XXIe siècle,
plaçant l'action dans une église détruite par des bombes au Moyen-Orient, où des moines chrétiens s'occupent de réfugiés de toutes confessions.
Dans un tour de table après le spectacle, Eleonore Buening du quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung a critiqué l'imagerie du metteur en scène, qualifiée de "bas de gamme et cliché." "C'est du théâtre guindé et provincial", a-t-elle rajouté. Le portrait des Filles-fleurs du second acte, qui essaient de séduire le héros Parsifal, comme un harem oriental renforce les stéréotypes coloniaux du XIXe siècle, a déclaré Berhard Neuhoff, de la Radio Bavaroise.
Mesures de sécurité draconiennes
Depuis le début des répétitions en juin, la mythique "Colline Verte", l'endroit où Wagner fit construire sa maison d'opéra, fait l'objet de mesures de sécurité draconiennes, encore renforcées après les attaques de ces derniers jours en Allemagne. Pas d'arrivée sur tapis rouge, les spectateurs sont interdits de venir avec sac et coussin dans l'auditorium et doivent se déplacer en permanence avec leur pièce d'identité. Les voitures n'ont également pas le droit de s'approcher de la "Colline verte".
Par respect pour les différentes victimes, la cérémonie inaugurale qui suit traditionnellement la première représentation de Bayreuth a été annulée par les autorités bavaroises. A l'intérieur du théâtre, un message projeté sur le
rideau rend hommage aux victimes des attaques dans le pays : "Le festival de Bayreuth dédie la représentation d'aujourd'hui à toutes les victimes des actes violents des derniers jours et à leurs proches."
3 attaques en Bavière en quelques jours
L'État régional de Bavière (sud), dans l'est duquel se situe Bayreuth, a été le théâtre à lui seul en quelques jours de trois attaques qui ont ébranlé tout le pays.Dimanche soir un réfugié syrien de 27 ans ayant fait allégeance au groupe Etat islamique s'est fait exploser à Ansbach à proximité d'un festival de musique pop, faisant 15 blessés et se tuant. Il y a une semaine, l'organisation jihadiste avait revendiqué un premier attentat en Allemagne quand un demandeur d'asile de 17 ans, se disant afghan, avait blessé cinq passagers d'un train à coups de hache.
La capitale bavaroise Munich a elle été le théâtre vendredi d'une fusillade faisant neuf morts, perpétrée dans un centre commercial par un jeune Germano-Iranien de 18 ans fasciné par les tueries de masse.
Pourtant une habituée les autres années, aux côtés de son mari, la chancelière allemande Angela Merkel ne sera pas cette année présente à Bayreuth. Jusqu'au 28 août, une trentaine de spectacles issus du répertoire wagnérien
sont prévus, tels "Tristan et Iseult", "Le Vaisseau fantôme" ou "Le Crépuscule des Dieux".
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