Opéra de Bordeaux : la régisseuse avait détourné plus de 2,3 millions d'euros
Le ministère public a requis cinq ans de prison, dont quatre ferme, contre Corinne Auguin, 54 ans, jugée à Bordeaux pour détournements de biens d'un dépôt public et usages de faux en écriture. Quatre ans, dont deux ferme, ont été requis contre son mari Philippe, 55 ans, pour recel, ainsi que la confiscation des biens du couple.
La régisseuse passait même pour un "chien de garde des dépenses"
L'affaire, dont l'ampleur avait secoué l'opéra, institution bordelaise, avait éclaté en avril 2012 après l'alerte lancée par deux collègues, tombés de manière fortuite sur un chèque suspicieux. L'enquête, puis les aveux progressifs de la mise en examen, allaient mettre au jour des détournements depuis dix ans, mêlant chèques et liquide, via des avances, reconstitutions de trésorerie, réécritures sur une comptabilité double dont elle tenait étroitement les clefs.Le système, "machiavélique" selon la partie civile, avait même dupé en 2010 un contrôle de la Cour régionale des comptes, et se doublait d'une réputation irréprochable de la régisseuse depuis 2002 : professionnelle, voire autoritaire dans son rôle de "véritable chien de garde des dépenses", intransigeante "jusqu'au centime près" sur les notes de frais, selon des témoignages recueillis durant l'enquête.
Train de vie de luxe
L'accusation, tout en pointant des "défaillances de contrôle" financier public, et l'absence d'alerte bancaire - le couple avait 29 comptes - a surtout retenu chez l'ex-régisseuse "la recherche d'une satisfaction individuelle directe", au-delà de sa volonté exprimée "d'aider les gens" autour d'elle. Pendant les années de détournements, la régisseuse et son époux, chauffeur routier, avait notamment acquis un terrain, fait construire une maison, avec du mobilier haut de gamme, aménageant une piscine, un spa, acquérant une Mercedes, un quad.La prévenue, qui ne nie pas les détournements mais conteste le montant - des centaines de milliers d'euros en liquide n'ont pu être tracés - a plaidé un "cumul de négligences" de sa tutelle, des "opportunités qui (l')ont poussée à détourner". "Elle a joué avec le feu, mais c'était tellement facile, c'est improbable à quel point", a plaidé son avocate Me Nathalie Noël, demandant au tribunal la clémence pour l'ex-régisseuse, qui va tout perdre. Le tribunal correctionnel a mis son jugement en délibéré au 7 janvier.
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