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La Folle Journée de Nantes, Adieux et Mercis !

C'est fini. Le grand podium de la Cité des Congrès ressemble au kiosque à musique d'une station balnéaire désertée par les vacanciers. Le bilan vient d'être annoncé par René Martin 152.000 billets vendus (record battu), 97,6% de taux de remplissage et une année prochaine (c'était un secret de Polichinelle) consacrée à nos chers Français (de Berlioz à Boulez) et à nos amis espagnols.
Article rédigé par franceinfo - Bertrand Renard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Avec 152 000 billets vendus, l'édition 2012 a battu son record
 (Folle Journée de Nantes)

A l'heure des adieux j'ai quelques mercis à dire :

-  Merci aux pianistes  David Kadouch et Momo Kodama pour leurs "Tableaux d'une exposition" de Moussorgsky, si différents mais unis par la même maîtrise technique (que c'est épuisant pour les doigts!). Lui très "Tableaux d'une exposition d'un ogre", elle très "nostalgie et contes russes" (ou japonais si vous voulez.)

- Merci à Clémence, petite princesse blonde de 9 ans, pour son beau sourire et ses yeux bleus illuminés par le "clavier de lumière" de Scriabine. Merci à Danaé, 10 ans, et Tristan, 8 ans, pianistes en herbe, et à leur papa "qui n'est pas du tout musicien" pour avoir été si sages ou attentif pendant "le dernier concert de piano de Scriabine trois semaines avant sa mort" proposé par Jean-Claude Pennetier, un de ces musiciens qui honorent notre vie musicale.

Les enfants fans de "la Folle journée"
 (DR)

- Merci au choeur du Patriarcat russe de Moscou pour nous avoir transportés dans l'atmosphère des vieux monastères orthodoxes et à celui de l'Oural pour "Les Cloches" de Rachmaninov qui apportent les nouvelles des mariages et des enterrements dans les villages de la grande steppe russe. Certes les voix de basses... mais les sopranos, les ténors, ne sont pas mal non plus. Et merci au choeur estonien de Vox Clamantis, entendu in extremis, aux voix aussi étonnantes que les voix russes mais à la mystique plus dépouillée.

- Merci à tous les  bénévoles et "petites mains" qui nous restaurent, nous désaltèrent, nous dirigent, nous sécurisent, nous placent et nous rassurent, nous, les 30.000 de chaque jour. Merci aux artistes qui ont joué brillamment pendant les 250 concerts auxquels je n'ai pas assisté.

- Merci à l'Orchestre de Pau-Pays de Béarn et au chef Fayçal Karoui pour leur magnifique 5e symphonie de Chostakovitch: "Nous, dit Karoui", petit orchestre de région, on est ici comme un club de division d'honneur qui se retrouve à la Coupe de France face à l'Olympique Lyonnais". J'ajoute "et qui le fait trembler".

- Merci à Igor Tchetuev pour son 3e concerto pour piano de Rachmaninov: je vous l'avais recommandé pour l'oeuvre et  l'inconnu Tchetuev a été éblouissant, tendre et rêveur dans une oeuvre dont on n'entend trop souvent que la virtuosité. Merci à Pau et Karoui de l'avoir accompagné avec talent (petite standing ovation dans le grand auditorium, là où Berezovsky, une heure plus tôt, s'était montré en roue libre dans le 2e concerto pour piano de Tchaïkowsky).

- Merci à la star Nikolaï Lugansky. Toujours un physique de mannequin à 40 ans au prochain printemps et, plus important, toujours ce phénoménal talent. La 1e sonate pour piano de Rachmaninov (un peu longuette en d'autres mains), il la hisse au rang de chef-d'oeuvre en faisant passer à travers elle une partie de l'histoire du piano.  Est-il encore 2e du championnat des "musiciens russes-joueurs d'échec" (si, si, ça existe...) ?

- Merci à la neige qui, ce dernier jour "russe", a transformé Nantes en un Saint-Pétersbourg-sur-Loire.

Musicien russe
 (DR)

- Merci aux soeurs Lidija et Sanja Bizjak, serbes, la blonde en robe verte, la brune en robe rouge, pour un "Sacre du Printemps" (le ballet révolutionnaire de Strawinsky), à 4 mains. Feu d'artifice sur un si petit piano et... entendue comme ça, comme cette oeuvre, si moderne dans ses habits d'orchestre, sonne russe ! Merci à leur tourneuse de pages qui s'est parfaitement débrouillée alors qu'elle avait un projecteur qui lui cachait la partition; "Mais les soeurs ont été très sympas". C'est ça aussi, l'esprit de Nantes.

- Merci à Youri Favorin, un pianiste protégé de René Martin et qui le mérite. Nous flanquer du clavier très moderniste ou moderne à l'heure du marché (et se faire applaudir dix minutes)  ou nous faire venir à 9 heures un dimanche avec son ami l'excellent violoncelliste Marc Coppey (et on ne le regrette pas), bravo, l'artiste !

- Merci au titi nantais qui, voyant passer une vieille dame russe avec une immense et incroyable chapka rose, s'est retourné vers sa copine: "T'as vu : elle a une barbe à papa sur la tête". 

Mercis. C'est fini. Alors versons une dernière larme (c'est si russe).

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