Harcèlement : l'Espagne annule la participation de Placido Domingo à un spectacle

L'Espagne a annulé mercredi 26 février pour la première fois la participation à un spectacle du chanteur lyrique Placido Domingo, après qu'il eut reconnu mardi sa "responsabilité" dans un scandale de harcèlement sexuel.

L'Institut national des arts de la scène et de la musique (Inaem), dépendant du ministère de la Culture, a annoncé avoir annulé la participation de l'artiste aux représentations des 14 et 15 mai au Théâtre national de la Zarzuela à Madrid, "par solidarité avec les femmes concernées".

Placido Domingo devait être l'un des interprètes de la comédie lyrique Luisa Fernanda de Federico Moreno Torroba, dans le théâtre madrilène où il a fait ses débuts il y a 50 ans. Le spectacle est maintenu, mais sans lui. 

Le gouvernement socialiste se veut en pointe sur le féminisme

Depuis l'éclatement de l'affaire en août, aucun théâtre ni opéra en Espagne n'avait encore décommandé le célébrissime ténor madrilène devenu baryton. Placido Domingo est un monument national de la culture dans son pays natal, où plusieurs chanteuses lyriques ayant chanté à ses côtés ont pris publiquement sa défense en août.

L'Inaem explique avoir décidé de le décommander "face à la gravité des faits et après les déclarations de Placido Domingo par lesquelles il assume sa pleine responsabilité de ses actes". 

L'Inaem et le ministère de la Culture expriment conjointement dans le communiqué "leur soutien aux femmes et le rejet de tout type de harcèlement, comportement abusif ou expression de domination", alors que le gouvernement d'union de la gauche emmené par le socialiste Pedro Sanchez se veut en pointe sur le féminisme. 

Placido Domingo a présenté ses excuses

Dans un communiqué publié mardi 25 février, le ténor de 79 ans, qui avait jusqu'ici nié, a demandé pardon pour la première fois à la vingtaine de femmes l'ayant accusé de harcèlement sexuel aux Etats-Unis. "Je suis sincèrement désolé pour la souffrance que je leur ai causée. J'accepte toute la responsabilité de mes actes", a-t-il écrit.

Ce mea culpa coïncidait avec la publication d'une enquête indépendante commandée par le syndicat américain des artistes d'opéra (AGMA) et concluant qu'il avait "eu un comportement inapproprié, allant du flirt aux avances sexuelles, au sein et à l'extérieur de son lieu de travail".

Dans une enquête publiée en août par l'agence Associated Press (AP), neuf femmes affirmaient avoir été harcelées par lui à partir de la fin des années 1980. AP avait publié en septembre une seconde enquête affirmant que onze autres femmes, se disant aussi victimes, s'étaient manifestées.

Le Théâtre royal de Madrid, maintient, lui, son spectacle

De son côté, le Théâtre royal de Madrid (Teatro Real), l'une des plus importantes salles d'opéra d'Espagne, avait indiqué mardi que le programme incluant Placido Domingo était maintenu. Sa participation est annoncée dans La Traviata, programmée à partir du 9 mai. L'artiste avait été ovationné en décembre, pour Nabucco de Verdi, à l'Opéra de Valence (sud-est).