Au Metropolitan Opera, la diva Renée Fleming dit adieu à un de ses grands rôles
Devant une salle comble, sous les bravos et une pluie de confettis, la diva Fleming, rayonnante dans sa longue robe noire, la main sur le coeur, a remercié son public pour cette dernière représentation de cette comédie douce-amère placée sous le signe du temps qui passe.
A 58 ans, Renée Fleming, réputée pour être la plus grande des sopranos américaines de sa génération, ne compte pas prendre sa retraite, puisqu'elle prévoit de continuer à se produire en concert et dans certains opéras. Mais elle ne chantera plus de nombreux rôles qui l'ont rendue célèbre. Elle a expliqué qu'il était temps de tenter d'autres aventures vocales et de cesser de jouer des partitions destinées à des femmes bien plus jeunes.
Renée Fleming ne figure pas au programme du Met 2017-2018, mais sera de retour pour la saison 2018-2019.
Une femme qui repousse un amant bien plus jeune
Dans le "Rosenkavalier", elle jouait la femme d'un maréchal de la haute société viennoise du début du XXe siècle qui repousse un amant bien plus jeune, sentant que le moment approche où il lui préfèrera une jeunette.L'un des moments les plus poignants survient à la fin du premier acte, lorsque Renée Fleming s'interroge sur le temps qui passe et s'imagine en femme âgée. "Tout se dissipe comme le brouillard et les rêves", dit-elle à son jeune amant Octave, juste avant de le renvoyer.
Renée Fleming a souvent célébré ce personnage comme l'un des plus complets du répertoire féminin. "Il y a tellement peu de choses dans le répertoire classique qui évoque des femmes dans toutes leurs dimensions, avec la complexité et les défis auxquels elles sont vraiment confrontées", confiait-elle l'an dernier à l'AFP. "Souvent à l'opéra, les femmes sont des symboles, une sorte d'archétype, pour la plupart très jeunes, le plus souvent des victimes."
Une diva du peuple
Elevée à Rochester, dans l'Etat de New York, par des parents professeurs de musique, la cantatrice peut prétendre à un statut unique dans le monde de l'opéra, séduisant un large public au point d'être surnommée la "diva du peuple", un statut qui atteste d'un cocktail rare de talent, de glamour et de simplicité.En 2013, elle entonnait quelque dix airs d'opéra parmi les plus connus du répertoire sur le plateau du très populaire présentateur de télévision David Letterman. Elle a aussi chanté l'hymne national des Etats-Unis pour des dizaines de millions de téléspectateurs lors du "Super Bowl" 2014, la finale du championnat de football américain.
Cela en fait l'une des vedettes d'opéra les plus rentables, comme en témoigne son interprétation samedi dans le "Rosenkavalier", l'un des spectacles les plus courus du Metropolitan Opera (Met) cette saison, qui fête le 50e anniversaire de l'installation du prestigieux opéra au Lincoln Center de New York.
Cinq des neuf représentations se sont jouées à guichets fermés et 98% des places ont été vendues pour l'ensemble des représentations, la meilleure performance du Met cette saison, selon une porte-parole.
Plus de 22 rôles dans 250 représentations au Met
Renée Fleming a aussi connu la gloire avec "Rusalka" de Dvorak, les rôles de Tatiana dans "Eugène Onéguine" de Tchaïkovsky et de Desdemone dans "Otello" de Verdi.Elle a joué au total plus de 22 rôles dans près de 250 représentations au Met, et s'est produite dans les plus grands opéras du monde entier.
Un agent de Renée Fleming a indiqué qu'elle "n'aimait pas se répéter" et qu'elle avait déjà interprété la plupart des rôles classiques écrits pour son type de voix.
La soprano s'intéresse de plus en plus à des oeuvres plus récentes et recherche des partitions nouvelles correspondant à une femme mûre.
Samedi, sa voix était à la fois légère et riche, surtout à la fin du premier acte et lors du trio en fin de spectacle avec Octave et Sophie, la jeune femme dont Octave tombe amoureux. Son jeu, tout en retenue, capturait parfaitement la mélancolie de ce passage.
En fin de représentation, le public s'est levé comme un seul homme pour applaudir à tout rompre la soprano.
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