"Issé" est un opéra composé au XXVIIème siècle par André Cardinal Destouches et dont le livret est de Antoine Houdar de la Motte. Pastorale héroïque, on y trouve des personnages antiques. La jeune Nymphe Issé s’éprend d’un berger, Philémon. Mais au cours d’un rêve, elle apprend que Philémon n’est autre que le dieu Apollon qui tente de la séduire en prenant une forme humaine. En un prologue et trois actes, il s’agit pour la Nymphe de prendre une décision quant à la conduite à adopter face à l’intervention d’un dieu dans le monde des mortels.Reportage : France 3 - T. Pernin / A. Ployart / H. Marchetti Femme de lettres et physicienne géniale, la Marquise du Châtelet a, outre ses contributions majeures dans l’univers de la physique à la théorie de l’énergie cinétique, interprété à trois reprises en 1748 le rôle de la Nymphe Issé, et ce devant le Duc de Lorraine, Stanislas Ier. Elle décède l’année suivante à Lunéville. Gabrielle Émilie Le Tonnelier de Breteuil, marquise du Châtelet, appelée Émilie du Châtelet. (France 3 / Culturebox) Après 270 ans de silence, le théâtre de Lunéville s’apprête à donner trois représentations de "Issé". Mais avant de pouvoir répéter, il a fallu un travail considérable pour recréer les parties perdues de l’opéra pastoral. Vincent Tricarri, directeur artistique a passé près d’une demi-année à reconstituer l’opéra d’André Cardinal Destouches. "Il y a eu un gros travail de ré-écriture qui a duré presque 6 mois : il a fallu ré-écrire toutes la parties pour tous les instruments, pour tous les solistes, pour tous les chœurs, refaire le conducteur, c'est-à-dire la partie complète du chef d’orchestre… Un travail de longue haleine !" explique-t-il pendant que les danseurs répètent.Danse et symétrieCar s’il a été nécessaire de ré-écrire les partitions, il a fallu faire la même chose pour les chorégraphies. Difficile de prendre une décision quant à la manière de reformer la pièce : "C’est toute la difficulté de la re-création : est-ce qu’on fait à l’identique tel qu’on le faisait au XXVIIIème siècle ou est-ce qu’on fait quelque chose de différent ? On a pris le parti de faire un mélange des deux." Le lit dans lequel la Nymphe Issé apprend que le berger dont elle s'est éprise n'est autre que le dieu Apollon. (France 3 / Culturebox) Pour la partie ballet, l’équipe a reçu l’aide du chorégraphe Guillaume Jablonka. De formation classique, le danseur s’est orienté au fil de sa carrière vers la composition, en intégrant à ses chorégraphies des mouvements de classique, mais aussi des arts numériques : "Les chorégraphies de cet opéra sont à la fois des restitutions d’après les notations du XXVIIIème siècle et à la fois des créations dans le même esprit. On a respecté les codes, notamment la symétrie dans l’espace dans le jeu entre les danseurs, mais aussi dans le rapport à la cadence, c'est-à-dire au rythme."Un opéra à ne pas manquerL’opéra "Issé" sera donné pour trois représentations uniquement au théâtre de Lunéville, les 2, 3 et 4 juin. L’occasion de découvrir une pièce oubliée dans la ville de la Marquise du Châtelet !