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Musiques de campagne : quand les candidats veulent se faire entendre

La musique adoucit les moeurs mais elle peut aussi galvaniser les électeurs. C'est peut-être pour cela que les candidats à la présidentielle accordent de plus en plus d'importance au choix de leur musique de campagne. Reprises ou compositions à part entière, elles veulent traduire l'état d'esprit du candidat. Cela fonctionne...ou pas. Décryptage avec un spécialiste du design musical.
Article rédigé par franceinfo - Chrystel Chabert
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
Laurent Ferlet a composé la musique de campagne de Nicolas Sarkozy
 (France3 / Culturebox)

Les musiques et chansons de campagne ne sont pas choses nouvelles dans les campagnes des partis. Mais force est de reconnaître qu'elles ont beaucoup évolué pour mieux coller à leur époque, pour séduire et attirer l'adhésion de davantage d'électeurs. En guise d'exemple, on peut écouter l'hymne du parti socialiste pour la campagne de 1977. Intitulé "Changer la vie", ses paroles étaient signées Herbert Pagani et la musique Mikis Théodokaris. On était dans le sérieux...


Pour Michaël Boumendil, spécialiste en identité sonore et en design musical,  "la grande nouveauté, c' est que le son est devenu le langage le plus puissant qui existe. De fait, il est devenu universel et transgénérationnel. Les gens passent leur vie avec des écouteurs sur les oreilles, cela veut dire qu’ils ont développé une sensibilité et une mémoire auditive avec une capacité de décryptage hors du commun."

La musique rassemble...la dérision aussi

Les gens sont donc plus sensibles aux musiques. Plus critiques aussi et dans ce domaine, certains n'hésitent pas à détourner, voire pasticher les chansons de campagne des candidats. Deux douaisiens, animateurs du label de musique Olga Records s'en sont fait une spécialité. En 1997, Benjamin Daussy et Damien Zelmann se sont faits connaître en écrivant les tubes non-officiels des principaux candidats. A l'époque, 17 000 visiteurs avaient ri de leurs délires. En 2007, ils ont décidé de remettre ça parce que disent-ils "on trouve que les gens sont crispés et parlent de la campagne uniquement de façon sérieuse". Et puis cela leur permet de faire connaître leur association et leur travail de musiciens, catégorie rock indépendant.

Un bon coup de pub ? 

On peut se demander si pour des compositeurs, travailler pour un parti et un candidat ne revient pas à être catalogué comme partisan et ne constitue pas un danger pour la suite de leur carrière. Mais pour la plupart, un candidat est une entreprise comme une autre, qui a besoin de communiquer. Point barre. Et pour eux, c'est même un bon coup de pub. On peut citer le cas de Tony Jazz et Mathieu Billon. Ces deux bordelais ont été choisis pour composer la chanson destinée aux jeunes, de la nouvelle campagne de Barack Obama (son compositeur officiel est will.i.am, le chanteur des Black Eyes Peas).  En 2008, lors des primaires démocrates, ils avaient réalisé un clip composé d'extraits de discours d'Obama, sur fond de piano, guitare et batterie. Le morceau s'intitulait "Change as come" et avait séduit le nouveau locataire de la Maison-Blanche. Aujourd'hui, Tony Jazz et Mathieu Billon dirigent une agence de design sonore. S'ils reconnaît apprécier ce travail avec Barack Obama, il leur semble beaucoup plus difficile de le faire avec les hommes politiques français. Et pourtant, ils ont bien été contactés par des candidats à l'élection 2012. Lesquels ? Mystère.

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