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RDC: Koffi Olomidé, roi de la rumba, jugé mais acclamé par une foule en liesse

Cravate bleue, tenue inhabituellement sobre, le roi de la chanson congolaise Koffi Olomide est arrivé détendu jeudi 16 août au petit tribunal de Kinshasa qui l'a ensuite condamné à trois mois avec sursis pour avoir frappé, la veille, son producteur Diego "Music" Lubaki à cause de dettes d'argent.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Le musicien Koffi Olomidé triomphant à la sortie de son procès, condamné pour avoir frappé son producteur
 (JUNIOR KHANNA / AFP)

Il a été acclamé par des fans en liesse, quand il est sorti libre de son procès. Dans la matinée, près de 200 personnes se serrent dans la salle aux néons blafards, où quatre ventilateurs peinent à brasser l'air. Aux fenêtres, quelques curieux se sont agglutinés pour suivre ce deuxième jour de procès. Foule hétéroclite: des hommes, des femmes, des jeunes, des moins jeunes.

Dénominateur commun: la plupart sont des fans venus soutenir leur idole. Une vedette de renommée internationale qui, excepté le jeans, porte la même tenue que la veille au tribunal : le juge avait ordonné son placement en détention préventive mercredi soir, après l'exposé des faits et l'audition des témoins.

La quinzaine d'avocats de la défense se présente tour à tour au juge. L'accusation reste invisible de longues minutes. Mais quand elle arrive, c'est pour annoncer que Diego Lubaki estime que les "coups de poing" de Koffi n'étaient qu'un "incident malheureux". Lubaki "a eu le temps de réfléchir mûrement seul devant sa conscience (...) Il a souhaité se désister pour privilégier la paix sociale et rétablir la paix entre lui et celui qu'il appelle son "grand frère" depuis ce matin", dit l'un de ses avocats, avant de quitter le prétoire.

La défense espère que le ministère public va se désister mais le procureur ne demande l'acquittement que pour la "destruction méchante", "forme de vandalisme passible de 5 ans de prison", de la porte de la chambre d'hôtel où les deux hommes en sont venus aux mains.

Pour les "coups et blessures volontaires", le procureur rappelle que la célébrité du prévenu l'engage : "La société lui donne beaucoup, il doit donner beaucoup à la société. Le comportement de Koffi Olomidé a un impact terrible sur la société, sur la jeunesse."

Une condamnation pour l'exemple à trois mois de prison avec sursis

Ce "porte-étendard" de la RDC et de la "démocratie" dans le pays "doit mériter un châtiment qui est dû à son rang", plaide-t-il enfin. Contre la star de la rumba, il requiert le maximum, soit 6 mois de détention et 100.000 francs congolais (environ 88,5 dollars/ 71 euros) d'amende.

La défense crie à l'"acharnement". Koffi Olomidé reste prostré et fait signe à ses avocats qu'il n'apprécie guère la présence de photographes et de caméras... Les toges noires se déplacent pour former un mur entravant les prises de vue.

Un défenseur appelle à un jugement "équitable", un autre "l'acquittement au bénéfice simplement du doute". Dans son dernier message à la cour, Koffi Olomidé accuse le procureur "non seulement d'acharnement mais d'une espèce de haine" à son égard. "Je suis innocent. (...) Je voudrais que vous ayez une certitude, celle de mon innocence", ajoute-il.

Le juge se retire, la foule devient plus dense. L'épouse, les amis et les proches de Koffi Olomidé se pressent, remplissant plus encore la salle. Le prévenu mâche son chewing-gum, reçoit des appels, se livre à une fugace pause photo immortalisée par les téléphones portables d'un avocat et d'amis. Le juge revient et, doucement, le silence si difficile à obtenir au cours des débats finit par tomber. La star est acquittée pour la "destruction  méchante" mais condamnée à une "servitude pénale de trois mois, assortie d'un sursis de trois mois" pour les "coups et blessures volontaires".

Le silence se brise aussitôt. Les cris fusent. "Rambo ! Rambo !", hurlent certains. On pousse pour toucher, embrasser, féliciter le chanteur. Lui arbore un large sourire, soulève sa casquette en signe de victoire. A petit pas, il se  faufile en dehors de la salle. Libre, et sous les hourras de ses fans.

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