Avec "70 ans à l'Ouest !!!" Gilles Servat chante toujours l'amour de sa Bretagne
Gilles Servat n'est pas né Breton. Voilà une affirmation qui risque d'en surprendre plus d'un, tant son nom évoque immanquablement la terre d'Armor et d'Arvor. Certes, sa famille maternelle est originaire de la bretonnante sinon bretonne ville du Croisic, mais notre barde est né bien loin de là, dans les Hautes-Pyrénées ! Il y a maintenant une cinquantaine d'années qu'il promène sa guitare et chante son répertoire inspiré de la tradition bretonne. Enorme vedette dans sa région, il publie un album en public reprenant les chansons de sa tournée sur toutes les scènes que compte la Bretagne. Il en porte aussi le nom en forme de double revendication à son âge et à la Bretagne : "70 ans à l'Ouest !!!".
Reportage : France 3 Bretagne J. Armand / P. Beaugey / J. Barré
Folklore ou folk song ?
En même temps qu'Alan Stivell (né en Auvergne !), Dan Ar Braz, Glenmor, Tri Yann ou Serge Kerval, Gilles Servat a contribué à rendre leurs lettres de noblesse à une langue et une musique qui tendaient à disparaître. A une époque où le mot "provincial" n'avait pas encore été remplacé par le très administratif "régional", les traditions sentaient la naphtaline, et toute manifestation d'une culture non majoritaire était considérée avec condescendance. En quelques mots, chanter breton relevait d'un folklore voué à s'éteindre doucement. Quelques artistes ont alors remarqué que le public était prêt à écouter de la musique traditionnelle, à condition qu'elle soit affublée du terme de folk song et arrive d'outre-manche, d'Amérique latine, du Canada ou des Etats-Unis.Le breton était destiné à disparaître. Et ça c'est fini ! Maintenant les gens n'ont plus honte d'être Bretons, ils sont fiers d'être Bretons... Fiers de leur langue, fiers de leur musique. C'est génial... Moi, je peux partir tranquille.
Gilles ServatUne musique bretonne et moderne
C'est donc une musique bretonne et moderne, inspirée du folklore mais débarrassée de ses aspects ringards qui a surgi. Une réapparition qui, notamment en Bretagne, a coïncidé avec des revendications autonomistes. Tous les artistes ne défendaient pas un détachement de la province, mais la langue bretonne gagnait en légitimité. Tout comme la musique. Ce fut au point que les soeurs Goadec, trois (après voir été cinq) adorables vieilles dames habituées à l'animation des Fest Noz, devinrent des vedettes nationales. Elles ne faisaient que reprendre des airs ancestraux, alors que Gilles Servat et les autres artistes nommés créaient un répertoire original puisant leurs forces et plantant leurs racines dans la terre d'Armorique. Chantant en français et en breton, Servat est appuyé par les sonorités celtes reconnaissables à la première note, binious et bombardes s'ajoutant aux instruments modernes, acoustiques et électriques.
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