"Il me semblait complètement réfractaire à l'idée de mourir" : Vladimir Cosma rend hommage à Michel Legrand
Le compositeur Vladimir Cosma est revenu, samedi pour franceinfo, sur la carrière de Michel Legrand, avec qui il a travaillé.
Michel Legrand, célèbre musicien et compositeur français décédé, samedi 26 janvier, à Paris. L'auteur de nombreuses et célèbres musiques de films avait 86 ans. Sa renommée était mondiale. "On le voyait encore à 80 ans s'étonner, s'émerveiller de la vie comme s'il avait douze ans", a expliqué le compositeur Vladimir Cosma, samedi sur franceinfo.
franceinfo : Pour vous, Michel Legrand était un confrère ou il était plus que ça ?
Vladimir Cosma : C'était beaucoup plus qu'un confrère, c'était une sorte de père spirituel, un mentor. Au moment où je suis arrivé en France, dans les années 60, il était déjà très connu, très apprécié. Moi, j'étais un débutant. On n'a jamais renoncé à se vouvoyer. J'avais toujours un grand respect et une certaine distance par rapport à lui.
Vous avez dit de lui qu'il voyait tout en rose. Y avait-il chez lui un optimisme incorrigible ?
C'était un personnage comme un enfant prodige. On le voyait encore à 80 ans s'étonner, s'émerveiller de la vie comme s'il avait douze ans. Il me semblait complètement réfractaire à l'idée de mourir. Ce matin, quand on m'a apporté cette nouvelle, je n'arrivais pas à y croire. Depuis de longues années, il a eu toute sorte de combats contre la maladie, il s'en sortait toujours. Il avait une telle volonté de vaincre la maladie et de continuer à travailler, à écrire de la musique, à donner des concerts que je me disais : il est là pour toujours.
Vous qui avez travaillé avec lui, de qui ou de quoi s'inspirait-il pour créer ces mélodies ?
Il s'inspirait de lui-même et de sa vie. Nous, les compositeurs on a dans notre tête tout le répertoire de la musique qui a été faite avant nous et même si on ne s'en inspire pas sciemment, il y a forcément des choses, après coup, qui ressemblent à un tel ou un autre. Vous prenez par exemple Les moulins de mon cœur, on peut dire que ça s'inspire de Bach. C'est la continuité de la musique. On a en nous tout l'héritage musical depuis la nuit des temps et on apporte, chacun, sa petite personnalité et sa petite pierre à cet édifice. [Michel Legrand] avait des techniques, il travaillait très vite, c'était une sorte de génie de l'écriture dans le sens de la virtualité, de la rapidité et une forme de boulimie de l'écriture extraordinaire. D'ailleurs on se mettait à travailler tous les deux à 17 heures pour un film qui devait être prêt le lendemain. On travaillait toute la nuit pour finir ça, avec une rapidité extraordinaire. Il avait cette capacité de savoir-faire très vite sans bâcler. Il a essayé d'écrire de la musique symphonique les dernières années, il était prêt pour un nouveau commencement.
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