Louis Arlette, le papillon romantique et électro, sort son nouvel album "Chrysalide"
Nous ne disons plus "il est dans les bacs", mais l'album Chrysalide de Louis Arlette est bel et bien là depuis ce début d'année. Neuf chansons qui semblent avoir convoqué autant Ferré, Murat, Daho ou Radiohead que Bobby Lapointe, François Villon, Rabelais et Cervantes.
Le casting est inspirant et littéraire. Chrysalide, des chansons et autant d'épopées à la gloire de l'antique, produit par son propre label, Le Bruit Blanc. Il en parle comme de son premier album, c'est peut-être le plus personnel.
Route sinueuse
La route musicale de Louis Arlette est aussi sinueuse que semble intranquille l’artiste. Ingénieur du son, producteur, compositeur, chanteur, à l'aise au clavier et au violoncelle, une solide éducation musicale et classique en main, depuis une dizaine d'années, il rôde dans les recoins de la chanson française.
S'il a travaillé avec le groupe Air, Carla Bruni ou Cat Power, sa carrière personnelle et ses quatre albums en font un romantique aux mélodies élégantes et aux textes littéraires.
Dans sa carrière, il a chanté Baudelaire, Villon, Ronsard et Musset sans oublier Gérard de Nerval. Précédemment, sa production a flirté avec la New Wave et l'électro-rock, cette fois-ci, c'est sa voix et le slam qui sont mis en avant des sons.
Le renfort des poètes
Louis Arlette l'avoue aisément, cet album est né d'un creux de la vague. Des états d'âme secrets, mais un sérieux coup de blues, il dit même un dégoût l'ont entraîné vers un refuge, un repli avec comme seule compagne, l'écriture. De cet isolement volontaire sont nés neuf titres.
Il dit : "Je reprends mon histoire, je veux dire mon récit, mes histoires" dans des paysages magnifiques mais "abîmés par le sel", par le temps, comme inscrite sur le marbre blanc des temples antiques. Car c'est l'Antiquité, celle de Jupiter, Athéna ou Didon qui domine actuellement les contrées de Louis Arlette.
Qui d'autre que lui oserait, en ces temps de haute techno et d'instagrammables stars de la musique, écrire une chanson sur ... Sardanapale ? Vous ignorez tout de ce personnage, vous n'êtes pas le seul !
Arlette raconte en 3 minutes 34 secondes, l'épopée de cet empereur parano et libertin d'Assyrie, tyran démesuré à la vie de débauche. Le rythme est lancinant et palpitant pour un slam où la Mésopotamie, la colonne de Trajan, le talon d'Achille emportent pour un cours de mythologie électro.
Un slam comme une battle entre Musset et Ronsard
Pour la sortie de son album, Louis Arlette le déclarait : "C’est un pur plaisir jubilatoire, j’aime les consonnes, j’aime quand cela fait toc tic tac, les allitérations, les répétitions". C'est là que l'on pense à Bobby Lapointe, lui parle du "gueuloir" de Flaubert : "Je ne sais qu’une phrase est bonne qu’après l’avoir fait passer par mon gueuloir", disait l'écrivain et ce pourrait être la maxime du chanteur.
À l'écoute, cela sonne, cela tape, et c'est nappé d'élégants arrangements parfois orientalisants. "Comme disait Énée à Didon, sans fin ni début, mais des rebuts mis bout à bout aboutiront..." Son récit est un délice de jeux de mots sans jamais perdre le groove. La voix du chanteur a changé, une métamorphose. Une chrysalide étant cet état intermédiaire entre la chenille et le papillon, évidemment, Louis Arlette a soigné son titre de noblesse antique, bien sûr.
Album : Louis Arlette "Chrysalide" chez Le Bruit Blanc
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