Les Gam'z : une chorale d'Issy-les-Moulineaux sur les planches de La Cigale vendredi
Lundi de Pentecôte caniculaire, pendant que d'autres goûtent au farniente d'un jour férié, eux ne chôment pas. Ils se sont donné rendez-vous dans la salle de boxe d'Issy-les-Moulineaux, dans les Haut-de-Seine, pour répéter une dernière fois. Les Gam'z, ces 25 chanteurs amateurs de tous âges et de tous horizons professionnels seront dans quatre jours sur les planches de la Cigale, l'une des plus prestigieuses salles de concert parisienne. Dernière répétition avant le grand soir. Dans la salle de boxe l'électricité est palpable, et ce n'est pas seulement parce que le ciel est orageux.
"Les filles c'est bon ! Par contre on va reprendre pour les garçons ! ", tonne Jonathan Kerr, le metteur en scène. Lauréat d'un Molière en 2005 pour la comédie musicale "Camille C.", il a été embauché par le groupe il y a un an, quand l'aventure a commencé. "C'est l'histoire d'une chouette chorale de quartier qui a évolué de manière plaisante", explique Pascale Durand, la chef de chœur charismatique des Gam'z.
"Cela a commencé il y a sept, huit ans, avec un petit groupe de gens qui voulaient apprendre à chanter. Je leur ai donné des cours de technique vocale. Puis on a commencé à faire des séances en groupe, à l'unisson. De fil en aiguille on a commencé à chanter à deux, trois, quatre puis 6 voix. Puis le groupe s'est étoffé d'année en année", raconte Pascale Durand.
La suite est un conte de fées. Les Gam'z s'inscrivent l'an dernier à une "Battle voices", un concours de chorales. Ils sont sélectionnés pour les finales sur la scène de l'Olympia et …. Gagnent, à l'unanimité ! Récompense : une soirée rien que pour eux à La Cigale le 13 juin 2014 et l'enregistrement en studio de deux titres. Comment les Gam'z ont-ils emporté le morceau ? "On y allait pour le plaisir. Pour nous, avant même la finale, c'était gagné. On avait déjà acheté le champagne tellement on était contents de chanter sur la scène de l'Olympia", explique la chef de chœur. "Si on a gagné, c'est grâce à la joie et à l'énergie communicative du groupe", ajoute-t-elle, les yeux plein d'étoiles à l'évocation de ce souvenir. "On est comme une petite famille. On a eu beaucoup de plaisir à vivre toute cette aventure ensemble. Même si c'est beaucoup de travail et une grande exigence. Pour certains, avec les chorégraphies, c'est la découverte du corps à 40 ou 60 ans. Certains n'ont jamais fait ça de leur vie" explique Pascale Durand. Il y a aussi la qualité du chœur et l'énergie de cette chef, exigeante professeur de chant, qui ont joué. "En plus on a la chance d'avoir dans le groupe un arrangeur, Alain Charles Mitz qui a fait tous les arrangements des morceaux du spectacle", ajoute Pascale Durand. Au programme, musiques de film et standards de la chanson internationale, avec des mises en scènes qui dépoussièrent l'image de la chorale vieillotte et statique.
"Ça va être encore plus grand !"
"L'Olympia, et maintenant La Cigale… C'est l'apothéose !" déclare Anne-Dominique Termont, alto, ingénieur du son dans la vie. "En même temps c'est le stress … Je répète mes chorégraphies dans le métro", ajoute-t-elle en esquissant un petit pas de danse.
"On a fait des répétitions pour la répétition", ajoute Laurence Saïbi, alto aussi, éducatrice dans le civil. "J'ai révisé les choré à la maison devant la vidéo, ensuite on s'est vues à deux puis en petit groupe", ajoute-t-elle en souriant. "Là, ça va mieux, mais la semaine dernière c'était l'angoisse. J'avais tout oublié, les positions, la mise en scène…" conclut-elle avant de s'élancer sur la scène de répétition. "Là on ne peut pas se rater. Il n'y a qu'une seule représentation", ajoute Antoine de Fontenay, basse, un ingénieur et père de trois enfants dans la vie. "J'ai encore en tête le souvenir de l'Olympia, le rideau qui se lève, la joie de cette scène. A la Cigale, ça va être encore plus grand", ajoute-il.
Du travail de pro
"C'est très amusant de travailler avec eux", confie Jonathan Kerr, le metteur en scène. "J'essaie de leur apporter une ossature professionnelle. Je les dirige comme des professionnels. Alors oui c'est parfois difficile, on met la barre haut, ils savent qu'ils ne viennent pas en dilettante, ils savent que c'est un challenge, et qu'on ne leur fait pas des propositions d'amateur. Ils ne vont pas tous au même rythme, chacun fait avec ce qu'il est, son background, son rythme, mais une fois les difficultés passées, c'est une joie incroyable. Ils sont très heureux !" ajoute Jonathan Kerr.
"C'est sûr que c'est un investissement personnel important", explique Valérie, 45 ans. "Heureusement, j'ai une famille compréhensive, parce que avec toutes les répétitions… Au début on disait, ça ira mieux après l'Olympia, mais pas de bol on a gagné !" explique-t-elle. "Mais ça n'arrive qu'une fois dans une vie", conclut-elle. "On soufflera après La Cigale", conclut Antoine.
"Le chant a changé ma vie"
Les 25 chanteurs du groupe viennent d'horizons professionnels différents mais ont la passion commune du chant, comme des milliers de choristes en France. "Quand je chante, ce que je ressens, c'est du bonheur", explique Valérie, 45 ans, soprane et ingénieur télécom. "Il y a la phase de travail. Seul, puis par pupitre, et quand on chante tous ensemble, que les harmonies se mettent en place, il se passe un truc. C'est magique", ajoute la jeune femme, qui voyait la chorale comme une activité sérieuse et traditionnelle, pour des gens sérieux et cheveux grisonnant. Laurence pour sa part a commencé la chorale parce qu'elle cherchait à faire une activité pour faire travailler sa mémoire. "Et en fait ça a changé ma vie !" affirme-t-elle. "Ca me déstresse, ça me calme de mon boulot. Chaque semaine j'ai hâte d'arriver au lundi pour la répétition." Il a fallu du temps pourtant, pour qu'elle se fasse enfin confiance. "On m'avait dit toute mon enfance que je chantais faux. Alors je me cachais toujours derrière ceux qui chantaient plus fort", confie-t-elle. "Voilà, et j'ai fini par chanter sur la scène de l'Olympia et vendredi je serai sur la scène de La Cigale... Le chant a changé ma vie !", conclut-elle.
"Bon allez, on y retourne, la prochaine fois ce sera le Zénith !" plaisante Jonathan Kerr. Une blague ? Pas si sûr … Les Gam’Z – Bande originale
Vendredi 13 juin 2014 à 20h30 à La Cigale
120 boulevard Rochechouart
75018 Paris
M° Pigalle ou Anvers
Réservations
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