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Le Printemps de Bourges rend hommage à Lhasa

Elle était un "choc électrique d'inspiration", dit d'elle Arthur H. Le Printemps de Bourges a réuni les amis, les admirateurs et la famille de Lhasa pour rendre un hommage intime à la chanteuse disparue en 2010, à travers la création du festival.
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Lhasa sur scène en 2004
 (MAXPPP/PHOTOPQR/OUEST FRANCE/JEROME FOUQUET)

La chanteuse américano-mexicaine, Lhasa de Sela de son vrai nom, a été emportée à l'âge de 37 ans par un cancer du sein. 

En trois albums "La Llorona", "The living road" et "Lhasa", elle s'était imposée comme une des grandes voix de la folk et des musiques du monde, mélangeant airs traditionnels latino-américains, mélopées tziganes, folk, blues et rock. "Lhasa avait été découverte au Printemps de Bourges". Lui consacrer une création -- un des temps forts traditionnels du festival -- "était une idée qui nous tenait à coeur", explique Sonia Bester, une des programmatrices du Printemps.

REVOIR : Reportage du journal de 20h de France 2 en avril 2004 : Lhasa au Printemps de Bourges 

Ce sont trois des soeurs de Lhasa, Ayin, Miriam et Sky, artistes de cirque, qui ont donné le "point de départ" du projet, en imaginant une "marche" pour Lhasa, explique-t-elle. "A walk for Lhasa" ("une marche pour Lhasa"), un spectacle donné jusqu'à vendredi dans l'intime théâtre Jacques Coeur, s'ouvre sur cette chorégraphie. Puis Arthur H, L, Emily Loizeau, Patrick Watson, Alejandra Ribera et The Barr Brothers, intimes ou admirateurs de la chanteuse, interprètent sur scène des chansons de Lhasa, ainsi que des titres qu'ils ont composés pour cette amie si spéciale. "Dès que tu étais à côté d'elle, c'était comme prendre un petit choc
électrique d'inspiration, ça t'ouvrait des paysages nouveaux, il y avait des désirs nouveaux qui naissaient à son contact", se souvient Arthur H, qui l'a côtoyée pendant dix ans. 

Monstre de scène

Plus qu'un hommage, cette création est un moyen pour ses proches d'"être avec Lhasa", mais aussi de mieux connaître une femme à la personnalité forte et complexe. "C'était un monstre de scène, en concert c'était comme voir une vieille âme chanter. Mais il faut aussi imaginer que c'était une personne qui riait beaucoup, quelqu'un de très doux et léger", explique le musicien canadien Patrick Watson. "Lhasa était quelqu'un de difficile à connaître, car tous ses amis ont eu une rencontre et des histoires très différentes avec elle", poursuit-il. "On a grandi avec Lhasa, mais sa musique était son autre vie. Et on l'a finalement moins partagée que si on avait su qu'on allait la perdre. On a l'impression de la connaître un petit peu mieux à travers ces musiciens", ajoute Sky de Sela. 

Ses trois soeurs, à l'air de famille indéniable, dressent le portrait d'une femme à la personnalité affirmée, dès son enfance itinérante dans une famille bohème où elle était entourée de huit frères et soeurs. "Depuis toute petite, elle fredonnait, elle écrivait des poèmes, elle était très dramatique par rapport à des histoires de petite fille", raconte Ayin de Sela. "Elle avait quelque chose de singulier, il fallait qu'elle prenne une distance par rapport à notre grande famille. C'était une soliste par sa nature et son besoin de s'exprimer", poursuit-elle. Sur le fil de l'émotion, le spectacle est traversé par le fantôme de la chanteuse, dont les portraits flottent en fond de scène et dont la voix résonne dans le théâtre pour parler de la mort, "juste le début de quelque chose d'autre". 

A la fin de la dernière chanson, ses soeurs s'assoient en cercle et jouent, comme elle le faisaient petites filles, à se taper dans les mains. Elles lèvent les paumes vers le ciel en communion: l'absente est là.

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