L’audacieuse balade médiévale de Laurent Voulzy aux Nuits de Fourvière
Il aurait pu se contenter de piocher dans son vaste répertoire de tubes pop-rock, mais Laurent Voulzy a décidé de jouer à fond l’ambiance médiévale de « Lys and Love », album à succès vendu à 300 000 exemplaires. Pari osé que de reprendre en live ces titres très travaillés. Exercice de style réussi.
Haut de gamme
22h00 pétantes, Laurent Voulzy entre en scène, et annonce la couleur : il récite un poème de Charles d’Orléans, prince de France du 15e Siècle, qui a inspiré l’album.
C’est parti pour un voyage au Moyen-Âge : « Mon cœur en 2010 voudrait tant, je le sens, partir en 1400 » susurre l’artiste. Harpe, violon, flûte et violoncelle entrent en action. Derrière les musiciens, les grands candélabres qui se mêlent aux ruines antiques mettent tout de suite dans l’ambiance.
L’esthétique scénique, sobre et raffinée, s’accorde parfaitement avec les chansons de « Lys and Love ».
En veste et gilet grenats et basket blanches montantes, le chanteur salue le public : « amis de la colline de Fourvière bonsoir », et débute un spectacle de haute-couture.
Pendant une heure, les mélodies léchées s’enchaînent, sur fond d’harmonies vocales célestes, de nappes électro et de superposition de voix.
Le chanteur se fait plaisir…Comme lorsqu’il reprend la classique balade anglaise « Scarborouh Fair », rendue célèbre par Simon and Garfunkel.
Ambiance mystique
L’effet de surprise se fait tout de même sentir auprès des quelques 3700 spectateurs, dont on sent bien qu’une bonne partie est venue pour voir le Voulzy « hitmaker » plus que le défricheur de concepts. Un public interloqué, voire désorienté par ce virage mystérieux, loin des standards pop qui balisent depuis 35 ans la carrière du chanteur. Malgré tout, la recette fonctionne : le théâtre antique se laisse entraîner dans l’univers de « Lys and Love ».
Il faut en fait attendre une heure, et l’arrivée des tubes, pour susciter des réactions. « Le pouvoir des fleurs », « Le rêve du pêcheur » « Belle-île-en-Mer » résonnent alors dans le théâtre romain. Même si cela tient plus du murmure collectif que de chœurs de fans survoltés.
« Jeanne », élue chanson de l’année aux dernières Victoires de la musique, est également reprise par tout l’amphithéâtre. Un titre issu du dernier album, singulier et exigeant, qui illustre le désir de renouvellement de l’artiste.
Exigence artistique
Derrière l’habituelle et apparente nonchalance de Voulzy se cache bel et bien un perfectionniste et un artiste visionnaire. Mais aussi un esthète, qui ne verse pas dans l’élitisme snob, et sait conjuguer création artistique et succès populaire.
Un artiste rare, qui cultive d’ailleurs cette rareté à travers un rythme de production lent (5 à 10 ans entre chaque album).
Au final, 90 minutes hors du temps, bercé par la délicate alchimie instrumentale. Un instant tout en douceur, songe d’une nuit d’été qui invite au voyage…Ou à aller se coucher…
Laurent Voulzy en tournée jusqu’en décembre prochain, une cinquantaine de dates sont programmées. Il passera notamment aux Francofolies de La Rochelle le 15 juillet et au Festival de Ramatuelle le 8 aout.
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