L'Azerbaïdjan accueille l'Eurovision : fausse note sur les droits de l'Homme
Vainqueur en 2011, le pays pétrolier du Caucase s'est
préparé ardemment toute une année pour accueillir la 57e édition du concours.
S'il est une occasion rêvée pour les dirigeants azerbaïdjanais de promouvoir ce
petit état - qui s'imagine en "Dubaï du Caucase", les projecteurs ne seront pas
uniquement braqués sur la scène du Crystal Hall, écrin de verre spécialement érigé
au bord de la mer Caspienne.
En coulisses, le clan Aliev dirige d'une main de
fer l'ex-République soviétique presque sans interruption depuis 1969. Enlèvements,
restrictions des libertés religieuses et d'expression, usage de la torture,
confinement forcé en asile psychiatrique. À l'occasion de l'événement, les ONG et médias internationaux dressent un bilan catastrophique des exactions du régime. L'Azerbaïdjan
figure parmi les pires pays au classement mondial de la liberté de la presse.
Le comité d'organisation dirigé... par la femme du président
Modernisée à une vitesse record, entre vieille ville
pittoresque et gratte-ciels futuristes, la capitale Bakou entend néanmoins s'émanciper
de ses voisins russe et iranien, au profit de l'Occident, tout autant intéressé
par sa richesse en hydrocarbures.
Aux violations des droits de l'Homme s'ajoute un népotisme
ostensible, mis en exergue par les 25 millions d'euros de budget de l'Eurovision.
Le président Ilham Aliev, qui détient la plupart des entreprises ayant conduit
les travaux, a placé sa femme à la tête du comité d'organisation. Ce soir, sa
fille s'affichera dans le spot publicitaire national, et son chanteur de gendre...
carrément sur scène.
Bakou, qui briguait l'organisation des JO de 2020, a été
éliminée jeudi par le Comité International Olympique, au diplomatique motif qu'elle
n'a pas suffisamment d'expérience et trop d'infrastructures à construire. Les
cinq journalistes et la quinzaine d'opposants actuellement emprisonnés dans le
pays apprécieront.
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