Kate Tempest aux Trans Musicales : son rap est tout un roman
Cumulant les qualificatifs de rappeuse, poétesse, dramaturge et bientôt romancière, Kate Tempest déroule, à seulement 28 ans, un CV propre à dérouter le festivalier venu découvrir les nouvelles tendances de la musique mondiale à Rennes cette semaine. Mais c'est sans façons, en jeans et baskets, arborant un franc sourire, qu'a surgi la jeune Londonienne jeudi soir.
Débit de mitraillette et allure de boxeuse, une canette de bière à portée de main, elle a arpenté de long en large la scène, épaulée par un duo de percussionnistes, une claviériste et une choriste/danseuse. Une heure plus tard, le public était K.O.
"Sur scène, je veux que ce soit la fête", dit la rouquine de 28 ans au visage poupin, nommée cette année (mais non récompensée) pour le prestigieux prix Mercury qui couronne le meilleur album de l'année en Grande-Bretagne. "Je ne veux pas que les gens se fassent de souci au sujet des textes. Sur scène, les chansons deviennent autre chose. On peut danser dessus. Je préfère qu'ils ne restent pas à écouter debout mais qu'ils bougent avec la musique", assure la Londonienne, qui fréquente les scènes depuis déjà de longues années comme rappeuse et slameuse.
Acharnée de l'écriture
Celle dont les influences peuvent se retrouver autant chez la romancière Virginia Woolf que chez le groupe de hip-hop américain Wu-Tang Clan commence alors à réciter des poèmes dans des festivals. Avec à la clé les premiers succès et les premiers cachets qui la laissent un peu amusée : "Les mêmes textes (que ses textes de rap auparavant, ndlr) devenaient soudainement des poèmes et des gens me donnaient 50 livres sterling pour les lire."
Elle publiera un recueil de poésies et recevra en 2012 un prix, le prix Ted Hugues, récompensant ses travaux. Cette acharnée de l'écriture a en parallèle écrit pour le théâtre. Mais elle rêvait de revenir vers ses premiers amours, le hip-hop, ce qu'elle a fait avec un album solo paru au printemps dernier, "Everybody Down". "Je venais d'écrire une pièce de théâtre, j'avais la tête pleine d'idées. Quand j'ai fini par retourner en studio avec Dan Carey (producteur qui a notamment travaillé pour Franz Ferdinand ou Kylie Minogue), je me sentais prête à raconter des histoires", explique-t-elle. D'où le résultat: un album-concept aux allures de roman urbain et sombre, rappé, dont chacun des dix titres est un chapitre, avec une rencontre dans un bar en introduction et une "Happy end" (forcément ironique) en conclusion où se dénouent les intrigues. "Je veux qu'il fonctionne comme un album, et j'espère que les chansons peuvent s'apprécier à un certain niveau de façon individuelle, mais vous avez une récompense si vous écoutez l'ensemble, vous avez toute l'histoire!", sourit la Londonienne.
Cet album roman est habité par trois personnages principaux - Pete, "un jeune homme/Le coeur plein de pluie", Becky, serveuse et masseuse à ses heures, et Harry, le mauvais garçon - que la rappeuse/poétesse/dramaturge souhaite désormais faire grandir dans un premier roman qu'elle est train d'écrire.
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