Jugement le 17 août pour les Pussy Riot, qui dénoncent un "procès stalinien"
Mardi, le procureur a requis trois ans de camp contre les membres du groupe contestataires, accusées de "hooliganisme", à qui l'on reproche leur "prière punk" anti-Poutine et leur "haine religieuse", suite à leur opération d'éclat dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou au mois de février.
Un "procès stalinien", fustige une des accusées
Ce procès ressemble à celui des "troïkas de l'époque de Staline", a déclaré Nadejda Tolokonnikova, 22 ans, dans sa dernière déclaration, en allusion aux groupes de trois personnes (troïka) qui à l'époque de la terreur stalinienne condamnait à des années de camp ou même à mort de manière arbitraire et expéditive.
"Notre place est en liberté et pas derrière les barreaux", a-t-elle ajouté, estimant qu'"un ordre politique avait été donné" pour punir les trois jeunes femmes en détention provisoire depuis cinq mois. "Les Pussy Riot sont les élèves et les descendants des dissidents", a poursuivi Nadejda Tolokonnikova en affirmant que "ce procès était celui de tout le système politique" russe.
Une provocation anti-orthodoxe, selon l'accusation
Nadejda Tolokonnikova, 22 ans, Ekaterina Samoutsevitch, 29 ans, et Maria Alekhina, 24 ans, se sont rendues coupables "de hooliganisme et d'incitation à la haine religieuse", a déclaré le procureur Alexandre Nikiforov, dans la salle du tribunal Khamovnitcheski de Moscou.
Le 21 février, les jeunes femmes du groupe Pussy Riot étaient apparues encagoulées, avec guitares et sonorisation, dans la cathédrale moscovite du Christ-Sauveur et avaient entonné une "prière punk" anti-Poutine incluant des passages dénonçant le soutien de l'Eglise à l'Etat.
Les trois prévenues "se sont livrées au hooliganisme, motivées par la haine religieuse et l'hostilité aux croyants orthodoxes", selon les termes du procureur. En détention depuis cinq mois, les trois jeunes femmes, qui risquaient jusqu'à sept ans de camp, ont écouté avec sérénité le procureur qui les a par ailleurs accusées de "s'être livrés à une provocation soigneusement planifiée" et de "s'opposer au monde orthodoxe". Le procureur a précisé qu'il demandait trois ans de camp pour chacune, ayant pris en considération que leur casier judiciaire était vierge et que deux d'entre elles, Nadejda Tolokonnikova et Maria Alekhina, avaient des enfants en bas âge.
Jeudi 2 août, dans une première réaction à cette affaire, le président Vladimir Poutine avait estimé qu'il n'y avait "rien de bon" dans ce que les jeunes femmes avaient fait, mais il avait semblé plaider pour une certaine indulgence envers elles.
Un soutien international, auquel Madonna s'est associée mardi soir
La militante pour les droits de l'homme Lioudmila Alexeeva, citée par l'agence Interfax, a estimé mardi 1er août que le réquisitoire du procureur était "une honte, qui sera une honte pour la Russie et toute l'Eglise orthodoxe si les prévenues ne sont pas libérées".
La chanteuse américaine Madonna, qui donnait un concert mardi soir à Moscou (avant un autre mercredi à Saint-Pétersbourg), a assuré sur scène qu'elle "priait" pour que les trois jeunes femmes retrouvent la liberté. "Je sais que chaque histoire a plusieurs facettes", a déclaré la star, jugeant "courageuse" la performance des jeunes femmes dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou. "Les trois filles - Macha, Katia, Nadia - ont payé le prix, et je prie pour leur liberté."
De nombreuses personnalités russes et étrangères ont pris la défense des Pussy Riot, jugeant les poursuites à leur encontre et leur maintien en détention disproportionnés avec les faits reprochés. Douze musiciens britanniques de renom, parmi lesquels Pete Townshend et les Pet Shop Boys, ont publié la semaine dernière dans le Times une pétition en faveur des trois femmes.
Auparavant, des stars comme le chanteur du groupe de rock américain Red Hot Chili Peppers, Anthony Kiedis, et le chanteur britannique Sting avaient déjà exprimé leur soutien, de même que la star américaine Danny DeVito.
La cour européenne va être saisie
Une avocate des Pussy Riot a annoncé qu'elle allait saisir la Cour européenne des droits de l'homme pour protester contre les mauvais traitements subis par les prévenues. "Nous avons été témoins des tortures et de la conduite inhumaine adoptée envers les prévenues : on les a privées de sommeil, on ne les a pas nourries normalement, on les a humiliées", a déclaré l'avocate Violetta Volkova au cours de l'audience de mardi 1er août.
L'avocate a également dénoncé dans sa plaidoirie la façon dont le procès s'est déroulé jusqu'à présent, notamment le manque de temps accordé pour prendre connaissance du dossier, les débats menés de manière expéditive, des preuves fabriquées par le tribunal, des témoins de la défense empêchés de venir témoigner...
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