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Turquie : la culture muselée par la censure et les purges d’Erdoğan

Depuis le coup d’état manqué de juillet 2016, les privations des libertés fondamentales s’intensifient en Turquie où Erdoğan continue de mener d’une main de fer une répression implacable. Après les opposants et les journalistes, le monde de la culture est à son tour victime de la censure, politique et religieuse. France 2 est allé à la rencontre de ces artistes dans la ligne de mire du régime.
Article rédigé par franceinfo - Stéphane Hilarion, Stéphanie Perez
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
Banderole affichant les visages des artistes du très populaire collectif Grup Yorum, emprisonnés ces derniers mois.
 (Culturebox - capture d'écran)

Chansons censurés, groupes muselés, spectacles et pièces de théâtre interdits car jugés trop critiques envers le pouvoir, musiciens, chanteurs, comédiens, emprisonnés comme des terroristes. Difficile d’être artiste dans cette Turquie en état d’urgence, où le pouvoir a mis au pas le secteur culturel et où la censure est omniprésente.

L’un des groupes les plus populaires de Turquie en a fait les frais. Grup Yorum, collectif de musiciens et de chanteurs engagés, proches de l’extrême gauche, dont les chansons mêlent musique traditionnelle et textes contestataires, a été décimé par les arrestations. Aujourd’hui, dix membres du groupes, femmes et hommes, sont en prison, et plusieurs autres sont en fuite et recherchés par la police.

Reportage : S. Perez / C. Cormery / R. Laurentin

Censure omniprésente

Güney Marlen est lui un célèbre chanteur pop qui se fait plutôt discret ces temps-ci. Comme deux cents autres artistes, il est censuré par la radio nationale turque. En cause, une phrase dans une chanson sur le bonheur, où est il question de vin renversé sur une table. Phrase anodine, et pourtant considérée comme une apologie de l’alcoolisme par ce gouvernement ultra-conservateur. Une situation que le jeune chanteur qualifie d’absurde mais contre laquelle reconnaît-il, il ne peut pas lutter. Une censure qui selon lui, a un impact sur le vivre ensemble et Güney Marlen de souligner qu’avant, les religieux, qui ne boivent pas d’alcool, cohabitaient parfaitement avec les autres, et que cette censure fracture la société.

Un autre exemple de l’absurdité de cette censure sur la culture, et c’est le comédien Nevzat Sus qui nous le donne. Dans son théâtre c’est une pièce pour enfants qui a été interdite à cause de passages contre la guerre. Dans le contexte de l’intervention turque en Syrie, le héros était jugé trop… pacifiste.

Dans son dernier rapport, l’ONU ne mâche pas ses mots concernant la situation en Turquie. Selon les Nations unies, l’état d’urgence a conduit à la restriction grave et arbitraire des droits de centaines de milliers de personnes dans le pays.  
 

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