"Secular Hymns", la passion blues de Madeleine Peyroux
De "Got You On My Mind", qui ouvre l'album, à "Trampin'", un traditionnel qui le referme, le blues hante ce septième album de Madeleine Peyroux, une épure enregistrée avec recueillement dans une église anglaise. "Un bel équilibre entre ciel et terre", juge-t-elle.
"If The Sea Was Whiskey" de Leonard Caston, "Hello Babe" de Kansas Joe McCoy, autres blues d'antan, figurent également dans cet album de reprises. Avec tout juste ce qu'il faut de réverbération dans la production pour mettre en valeur sa voix claire et timbrée. "J'ai entendu du blues dans mon enfance, j'ai entendu cette peine dans les voix des chanteurs de blues. Pour moi, ça nous rassemble", explique Madeleine Peyroux.
"C'est humain, ça veut dire qu'on est tous humains, qu'on a tous souffert et que chaque souffrance nous est très chère, nous a marqués." Son blues n'est pas le Chicago blues rugueux, urbain et électrique auquel rendent hommage dans les Rolling Stones dans le disque de reprises qui sort vendredi, mais plutôt le blues profond du sud rural, celui qui évoque une consolation.
Mélancolique, Madeleine Peyroux trouve parfois "difficile de vivre au jour le jour" et puise dans le chant une certaine forme d'apaisement. "Je suis un petit peu solitaire. Si on veut être ouverte et aimante, il faut avoir cette solitude en soi-même. Ce sont les deux côtés d'une même page", explique la chanteuse. "C'est un besoin, une nécessité".
"L’esprit de la musique de rue"
La formule minimale pour trio à cordes-voix, guitare, contrebasse- choisi pour ce disque rappelle que Madeleine Peyroux a commencé en jouant dans des orchestres de rue. "Dans l'esprit, cet album est un peu comme de la musique de rue. C'est vrai... Je suis extrêmement à l'aise dans cette formation", reconnaît la chanteuse.Dans "Secular Hymns", au-delà du blues, l’artiste de 42 ans continue d'explorer le grand livre de la chanson américaine, qui va du folk à la country, en passant par le funk New-Orleans. Voisinent ainsi une composition de Stephen Foster, un auteur du XIXe siècle considéré comme le père de la chanson américaine, et d'autres plus contemporaines de Tom Waits ou Townes Van Zandt. "Nous avons une musique fabuleuse, riche à cause des mélanges et de l'histoire absolument spécifique à ce pays." Sur scène, elle ne manquera pas non plus d'interpréter Leonard Cohen, son auteur fétiche. "Leonard Cohen est un des plus grands poètes. C'est un homme qui veut maîtriser l'honnêteté", dit-elle à propos du barde canadien disparu au début du mois à l'âge de 82 ans.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.