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Mort du légendaire saxophoniste de jazz Ornette Coleman

Le légendaire saxophoniste et compositeur de jazz américain Ornette Coleman, qui a été un précurseur du free jazz, est décédé jeudi à l'âge de 85 ans, a indiqué à l'AFP son agent Ken Weinstein.
Article rédigé par franceinfo - Jacky Bornet (avec AFP)
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Temps de lecture : 2 min
Ornette Coleman en concert en Allemagne en 2007
 (Fredrik von Erichsen / DPA / DPA/AFP)

"The Shape of Jazz to Come"

Coleman est né et a vécu au Texas (sud) mais il est mort à New York, où il a fait l'essentiel de sa carrière. Son album de 1959 "The Shape of Jazz to Come" est considéré comme l'un des premiers albums avant-gardiste de l'histoire du jazz. Il fut avec John Coltrane l'un des musiciens à l'origine du "free-jazz", un style fondé sur l'improvisation hors de toute contrainte harmonique, avec une grande liberté de mélodie et de rythme.

Cet album comprend la chanson pleine de passion "Lonely Woman", écrite par Coleman, à propos d'une cliente de la haute société qu'il avait remarquée quand il travaillait dans un magasin à Los Angeles, et qui est devenue un standard du jazz. 

Aux origines du Free Jazz, influence majeure du funk

Après des études de saxophone alto, puis ténor, à partir de l'âge de 14 ans, Ornette Coleman rejoint des formations du sud des Etats-Unis, puis s'installe à Los Angeles. Largement autodidacte, il cultive un son sur l'atonalité qui participera à son rôle dans l'émergence du free jazz au début des années 60.

Il est mis en lumière par le bassiste Red Mitchell en 1958 qui lui fait enregister son premier vinyle "Something else ! The Music of Ornette Coleman". Il se produit de plus en plus dans les clubs et se produit notamment sur disque avec Don Cherry. S'il ne fait l'unanimité, il joue avec avec Charlie Haden, Billy Higgins ou Ed Blackwell.

En 1960, "Free Jazz : a Collective improvisation" est comme un pavé dans la mare, que n'assumera pas complètement son initiateur. Deux quartets y improvisent sans aucune préparation. On y retrouve des sacrés pointures : Freddy Hubbard, Eric Dolphy, Scott LaFaro, Charlie Haden et Ed Blackwell.

Connu surtout comme saxophoniste alto, Coleman rejetait les notions traditionnelles d'accords et se lançait à la place dans des solos que ses détracteurs considéraient comme chaotiques, mais qui sont devenus un courant dominant du jazz et du rock. 
Il expliquait que ces formes libres de solos lui venaient spontanément, car il pensait que jouer du jazz était une activité humaine naturelle. "Le jazz devrait exprimer davantage de sentiments que ce qu'il a fait jusqu'à présent", déclarait-il.

"The shape of jazz to come" a surpris le monde du jazz, y compris Miles Davis qui l'a critiqué, à cause de son manque d'harmonie, de l'absence de guitare ou de piano pour l'accompagner.

"Jazzman of the Year" en 1966

Après une relative éclipse, Ornette Coleman est nommé "Jazzman of the Year" en 1966, puis il est sacré au "Hall of Fame" en 1969.

En 1972, il joue avec le London Symphony Orchestra, poursuivant une carrière quelque peu décousue, où interviennent musique traditionnelle, free jazz, rock et funk. En 1991, David Cronenberg et son compositeur attitré Howard Shore font appel à lui pour participer à la musique du "Festin nu". La couleur de son sax colle parfaitement à la tonalité du film, adapté de William Burroughs.


S'il fut aux origines du Free Jazz, comme digne successeur d'un Charlie Parker, inventeur du Be Bop, qu'il admirait, Ornette Coleman est revendiqué comme une influence majeure du funk. Le saxophoniste s'est rarement produit aux côtés d'autres artistes, mais on le retrouve sur des albums de Claude Nougaro (1976) et de Lou Reed (2003), même de Daevid Allen (Gong).




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