Luiz Melodia, sambiste éclectique, en concert ce soir à Paris
Trois ans après son dernier concert parisien (c'était à La Cigale), Luiz Melodia, chanteur, compositeur, sambiste au groove inimitable, est de retour dans la capitale, première étape d'un périple européen qui le conduira notamment à Londres. Né à Rio de Janeiro le 7 janvier 1951, fils d'un musicien lui-même sambiste, Luiz Melodia a d'abord participé à des duos et groupes musicaux avant de voler de ses propres ailes. Ses premières compositions, il les a confiées aux chanteuses Gal Costa et Maria Bethânia, avant de devenir son propre interprète avec un premier album devenu emblématique, "Perola negra", en 1973. Mardi soir, à peine arrivé de l'aéroport, malgré la fatigue due à quelque onze heures de vol, Luiz Melodia s'est prêté avec humour au jeu de l'interview et de la séance photo.
"Perola negra" (1973)
- Culturebox : Vous naviguez avec aisance entre plusieurs styles musicaux, brésiliens mais pas seulement (samba, jazz, pop, blues...). Quelles sont vos principales influences ?
- Luiz Melodia : Ma première influence fut mon père Oswaldo qui était musicien (Oswaldo Melodia, lui-même sambiste et compositeur, ndlr). J'ai appris à faire de la musique avec lui. Puis il y a eu Jorge Ben, le rock, les Beatles, l'Amérique... Ils n'ont pu qu'influencer tout Brésilien, même sans être compositeur ou musicien. J'écoutais beaucoup la radio. J'ai été énormément influencé par Cartola (célèbre sambiste, 1908-1980, ndlr), Nelson Cavaquinho (idem, 1911-1986), tous ces gars géniaux de la samba, qui ont fait l'histoire de notre musique, Geraldo Pereira (1918-1955), Noel Rosa (1910-1937)...
- Si vous deviez vous présenter à des amateurs de musique qui ne vous connaissent pas forcément très bien, qu'est-ce que vous auriez envie de leur dire ?
- Je me présenterais justement par le biais de tout ce que j'ai écouté, tout ce que j'ai appris depuis mon enfance, toutes ces musiques qui m'ont inspiré, toutes ces cultures qui sont ancrées en moi, de la samba au jazz, au rock'n roll, au chorinho. Voilà qui je suis, et ce que j'ai envie de faire écouter aux gens.
"Congênito"
- Pouvez-vous nous parler du programme du concert du New Morning ?- J'ai déjà donné un concert là-bas il y a quelques années... Ce sera un show comportant du jazz, de la samba bien sûr, un mélange de beaucoup de choses puisées dans mon répertoire...
- Vous préparez un nouveau disque qui sortira pour le quarantième anniversaire de la sortie de votre tout premier album. Pourra-t-on en entendre des extraits mercredi soir ?
- Je suis en effet en train de réaliser un nouvel album, que je n'ai pas encore pu finir du fait de mon engagement sur cette tournée européenne. Dès que je retournerai à Rio, je terminerai ce quatorzième disque. Le public du New Morning pourra en entendre un nouvel extrait, qui s'intitule "Cura", écrit avec le guitariste Rena Piau. Un seul ! (sourire)
- Quel regard portez-vous sur la production musicale actuelle au Brésil ?
- J'ai eu le privilège de naître à une époque où les compositeurs avaient à la fois le don et la volonté de transmettre une musique inspirée. Aujourd'hui, en toute sincérité, j'entends une grande quantité de bêtises dans ce qui se fait actuellement. Personnellement, je trouve que la génération actuelle est en train de perdre ce don naturel de création. Tout ce que j'entends est très répétitif, je n'y suis pas sensible. Parmi les gens que je connais, je ne compte qu'un, deux ou trois jeunes musiciens qui ont probablement un bel avenir devant eux. Je pense par exemple à Mahal, qui est mon fils (sourire), qui fait du rap, je pense à la chanteuse Ceu, au chanteur Arnaldo Antunes. Au Brésil, actuellement, il y a une infinité de très bons musiciens, mais je trouve qu'il y a moins de très bons chanteurs, comme Diego Nogueira par exemple, et de compositeurs.
(propos recueillis par A.Y.)
Luiz Melodia en concert au New Morning, à Paris
Mercredi 27 janvier 2012, 20H30
7 & 9 Rue des Petites Ecuries
75010 Paris
Infos et réservations au 01 45 23 51 41 ou en ligne
Luiz Melodia : Guitare, voix
Renato Piau : Guitare
Charles Costa : Guitare
Alessandro Cardozo : Cavaquinho
"Magrelinha" (1973) en concert à São Paulo en décembre 2009
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