Jazz à Vienne : Rencontre avec Leyla McCalla pour son premier album
Guitare, violoncelle ou banjo, anglais ou créole, blues ou musique traditionnelle, le premier album de Leyla McCalla mérite amplement son titre : "Vari-colored songs" qu'on pourrait traduire par "Chansons de diverses couleurs". Son sous-titre "A tribute to Langston Hughes", "Un hommage à Langston Hughes" se réfère à un poète, dramaturge, écrivain américain disparu en 1967 et qui fut, dans les années 20, l'un des plus importants animateurs du mouvement artistique et social connu sous le nom de "Renaissance de Harlem".
Dans les rues de la Nouvelle-OrléansSept des quatorze morceaux interprétés sur cet album très "roots" de Leyla McCalla sont des mises en musique des poèmes de Hughes. Ils plongent dans l'histoire récente du peuple noir américain. Ses vers sont accompagnés d'un banjo très sec et dépouillé, d'une steel guitar, d'une basse et du violoncelle, l'instrument avec lequel l'artiste a commencé sa carrière en jouant dans les rues de la Nouvelle-Orléans. Elle se permet même de signer une chanson voix-violoncelle (When I can see the valley) en jouant de l'instrument comme elle le ferait d'un banjo. Le banjo est d'ailleurs omniprésent sur cet album. Musicienne formée dans les plus grandes écoles des Etats-Unis, Leyla McCalla joue de presque tous les instruments présents sur cet album et assure préférer la sonorité acoustique. A noter que les seules percussions sont assurées par des "bones", il s'agit d'os d'animaux manipulés un peu comme des castagnettes ou des cuillères et utilisés plus particulièrement dans le blue grass, la zydéco et la musique traditionnelle acadienne.
Leyla McCalla a donné le 2 juillet 2014 une interview exclusive à Culturebox dans le cadre du Festival Jazz à Vienne. Enceinte de 7 mois, elle devait donner un concert le soir même dans le cadre du club de Minuit. Sa prestation a été annulée du fait de l'arrêt de travail de certains intermittents. Une voix aux multiples couleurs
La voix de Leyla McCalla, légèrement voilée, évoque parfois les vieux bluesmen du sud, elle rejoint à d'autres moments des timbres très africains pour, à d'autres encore, prendre des sonorités caraïbes. Son phrasé quand elle chante en créole (elle est d'origine haïtienne) est empreint d'une très émouvante gravité et sa version du traditionnel "Mesi Bondye" évoque en plus dépouillé celle enregistrée avec succès par Harry Belafonte dans les années 50. Hommage ou pas hommage ?
Ce premier album, annoncé dédié au poète Langston Hughes, est pourtant composite. Les morceaux inspirés des textes de l'écrivain voisinent avec des chansons originales de Leyla McCalla et des reprises traditionnelles. Il a donc le défaut de nombreux premiers disques : l'artiste y a mis tous ses morceaux, excellents au demeurant, au détriment de l'unité que laisse attendre l'idée d'hommage. A ce propos, d'ailleurs, le titre et le sous titre de ce premier opus sont contradictoires. Le titre suppose une diversité de ton et le sous-titre une unité d'inspiration. Mais finalement peu importe. La sonorité et le timbre de Leyla McCalla emportent tout. Sa sincérité aussi. Elle transparaît dés la découverte de l'album. Il est de ceux qui donne leur couleur à la journée qui suit son écoute. Leyla McCalla occupe d'ores et déjà une place tout à fait à part dans le club des voix noires, typée sans
être typique, mélancolique sans être triste, elle fait le lien entre les traditions noires américaine, africaine et caraïbe. Leyla McCalla
Vari-Coloured Songs
(A tribute to Langston Hughes)
14 chansons
Distribué par Harmonia Mundi
Leyla McCalla sera sur la route des festivals cet été
27 Juin : Montbard, Jazz N' Blues
28 Juin : Sannois, Festival Django Reinhardt
29 Juin : Cholet, EstiJazz
1er juillet : Gignac, Nuits Couleurs
2 juillet : Jazz a Vienne
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