Jazz à Vienne : Davell Crawford et Allen Toussaint, la Nouvelle-Orléans au coeur
Dans la musique aussi, il y a un avant et un après Katrina. Depuis le début de Jazz à Vienne, la tempête dont on commémorera prochainement le triste dixième anniversaire hante les esprits et se cache dans les mots de tous les musiciens qui se sont succédés sur la scène du théâtre antique. Ce fut le cas notamment avec Dee Dee Bridgewater la veille et au Club de Minuit avec Leyla McCalla, plus tard le même soir. En plus des 1836 victimes officiellement dénombrées, Katrina a tué un peu de la joie de vivre du style musical New-Orleans.Le spectre de la catastrophe accompagne désormais et pour longtemps les musiciens de cette ville de Louisiane.
Emigré à New York
Victime de l’ouragan, Allen Toussaint l’a été. Ou plutôt sa maison. Quand les eaux se sont retirées le 31 août 2005, il n'en restait rien. Rien de son piano, rien de tout ce qui avait fait une vie. Alors, Allen Toussaint est parti. Il compose et joue aujourd’hui à New York. Sur scène, à 77 ans, chevelure et moustache grises, tenue élégante et port respectable, il quitte peu son piano. A ce clavier, il joue une musique très colorée où se croisent rumba, be-bop et blues. Toussaint est parti mais il a emporté la Nouvelle-Orléans dans sa musique. Elle est là, au bout de ses doigts et ressurgit au détour d’un solo ou d’une mélodie qui évoque soudain les bords du Mississippi ou les rues du French Quarter au petit matin. Et on est loin bien sûr d’un style New-Orleans tel qu’on pourrait l’attendre avec nos références habituelles et les souvenirs de Claude Luter ou Sidney Bechet.Légende du New-Orleans
Dans ce style qu’on pourrait qualifier de "New-New-Orleans", on imagine difficilement les parades dans les rues et la clarinette a perdu sa place prépondérante. Allen Toussaint est reconnu comme une "légende" du jazz de New Orleans, il a proposé au public viennois un concert sans fausse note mais également sans moment inoubliable, entre morceaux rythmés et ensoleillés et balades assez "crooner". Les instants les plus enlevés ont ramené le Louisianais aux confins du rock. Il faut dire qu'Allen Toussaint a été élevé à la sauce Fats Domino, l’autre enfant de Bourbon Street, un précurseur qu'il a accompagné. Né dans le Rythm’n Blues, Fats Domino a compté parmi les « inventeurs » du Rock’n Roll dans les années 50."To Fats with love"
Un théâtre antique à moitié plein
Le festival Jazz à Vienne 2015 se poursuit jusqu'au 11 juillet.
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