Des planches de skate aux concerts à l'Olympia, itinéraire du bluesman Képa
L'histoire de Bastien Duverdier aurait pu s'arrêter lorsque le skateur s'est blessé au dos après une mauvaise chute. Mais il est parti se ressourcer chez sa grand-mère (surnommée Képa) au Pays-Basque et commencé à gratter quelques notes. Le dos trop abimé pour continuer le skateboard de haut-niveau, il troque sa planche contre les planches. Comme une révélation, il s'est mis au blues au sens large, piochant dans la musique de chaque continent. Avec déjà quelques albums et plusieurs concerts, il partira en le 20 août en tournée pendant un mois au Canada.
Reportage France 3 Euskal Herri Pays Basque E. Clerc / F. Cordier / R. Violet
De la planche aux planches
Il rêvait de faire le tour du monde des spots de skateboard. Aujourd'hui, il se produit sur les grandes scènes du globe. Képa, né Bastien Duverdier dans le sud-ouest de la France est devenu à 29 ans un homme-orchestre. Celui qui a toujours fait ses propres lignes en skate-board, il a trouvé une nouvelle voie avec une guitare métallique "biscuit resonator", un modèle très utilisé en 1930 aux États-Unis et quasiment inconnu en France. Alors que le son de la guitare acoustique est amplifié par la table d'harmonie et la caisse de résonnance, celui d'une guitare à résonateur est amplifié par un cône en aluminium, donnant un son plus puissant et métallique.Ce qui est drôle c’est que je n’ai jamais vraiment été fan de blues. J’ai découvert cette musique il y a seulement 4 ans finalement. En revanche, j’ai toujours été attiré par la sonorité de la guitare, très forte, énergique et sourde à la fois. Après, j’ai découvert des bluesmen comme Bukka White, Fred McDowell, Blind Willie Johnson et là, j’ai été fasciné.
KépaAdepte du powerblues, certains disent qu'il a inventé un nouveau genre musical : le post-modern blues. Képa voulait un côté minimaliste, "un son brut, une voix, sans effet ou quoique ce soit pour se cacher derrière". Il accompagne ses morceaux à l'harmonica et avec sa voix de crooner venant des grandes terres américaines. Le tout avec des percussions au pied sur une caisse claire, ou la caisse de transport de sa guitare.
Un ex-skateur professionnel
Avant de glisser entre les tablatures, Bastien Duverdier enchainait les figures sur sa planche. Il a fait ses premières glissades à 10 ans. Sept ans plus tard, il multipliait les vidéos de ses exploits dans les rues de plusieurs villes. Entre sauts vertigineux, bowl et figures sur une Renault 5, le bayonnais impressionnait. Les marques Elements et Vansle l'ont longtemps suivi jusqu'à devenir ses sponsors et lui ouvrir les portes de la Team Europe, en 2013.
Jusqu'à la blessure. Et ce mal qui lui ronge désormais le dos : spondylarthrite ankylosante, une maladie qui touche les articulations. Au repos forcé, il se met à jouer de la musique et compose ses premiers morceaux. Alex Deron, manager du team Element, lui propose plus tard de jouer lors d'une exposition à Berlin. L'idée de devenir artiste fait son chemin. Les concerts se succèdent, jusqu'à son premier Olympia en novembre 2015, en première partie de Gregory Porter. Il s'était fait repérer lors d'une "petite date à Saint-Jean-de-Luz, un concert raté où il y avait une fille de la production de Gregory Porter". Sans trop réaliser ce qui lui arrive, il est propulsé en première partie sur l'une des plus grandes scènes parisiennes.
Le succès sur scène
Avec son mélange de blues américain, malien, indien et africain Kepa a déjà fait plusieurs tournées, en France, en Suisse, en Belgique mais aussi en Allemagne, et même au Japon. Preuve que sa musique plaît, il est vainqueur en juillet dernier du prix du jury du XL Tour organisé par le Département des Landes et la Smac. Ce prix lui permet de bénéficier d'un suivi artistique, musical et administratif pendant deux ans.
Képa s'attelle désormais à exporter sur le continent américain sa musique rythmée et rafraichissante. Du 31 Août au 20 septembre, il prendra part à une tournée au Canada.
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