Boudée par l'Europe, la taxe Gafa rapporterait 400 millions aux finances françaises en 2019
Le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire présente mercredi en Conseil des ministres son projet de loi pour taxer les géants du numérique, après avoir échoué à faire l'unanimité en Europe sur la question. Selon la Commission européenne, leur taux d'imposition moyen n'est que de 9% contre 23% pour les entreprises européennes en général. "C'est une injustice inacceptable", s'est écrié M. Le Maire mardi sur Radio Classique, et "totalement inefficace si on veut arriver à financer demain nos écoles, nos crèches, nos hôpitaux".
Un taux unique de 3%
Selon le ministre, qui avait dit initialement tabler sur 500 millions d'euros de recettes fiscales, ce rendement devrait progressivement se renforcer, pour atteindre 450 millions en 2020, 550 millions en 2021 et 650 millions en 2021."Ces estimations sont calculées à partir de la progression du chiffre d'affaires des géants du numérique telle que nous l'avons observé depuis cinq ans en France", a précisé M. Le Maire. La taxe Gafa, qui sera débattue début avril à l'Assemblée nationale, concerne les entreprises qui font un chiffre d'affaires sur leurs activités numériques de 750 millions d'euros dans le monde et de plus de 25 millions d'euros en France. Elles seront imposées à un taux unique de 3%, similaire à celui d'un projet européen présenté il y un an, mais qui n'a pas abouti, en raison des réticences de quatre pays européens (Irlande, Suède, Danemark et Finlande).
Taxer les entreprises sur le chiffre d'affaires réalisé dans un pays donné
Trois domaines concernés par la taxe
De nombreuses critiques chez les entreprises visées par cette mesure
"Une trentaine de groupes seront touchés", a indiqué M. Le Maire au journal Le Parisien dimanche. Mais selon une source du secteur s'appuyant sur des estimations des services fiscaux, une centaine de sociétés pourraient être concernées.Cette taxe, qui fait de la France une pionnière en matière de taxation des géants du numérique, a fait naître de nombreuses critiques chez les entreprises visées par cette mesure fiscale, certains ayant évoqué une répercussion de cette taxe sur les consommateurs. "Le consommateur jusqu'à preuve du contraire ne paye pas pour la publicité qu'il regarde. Or c'est le principal revenu de cette taxe", a estimé Bruno Le Maire, disant trouver cet "argument un peu faible".
"J'ai entendu depuis plusieurs jours, avec pas mal de mauvaise foi, pas mal d'arguments qui ne tiennent tout simplement pas la route. Ne jouons pas avec les peurs des Français ou des consommateurs", a-t-il poursuivi.
Un combat à l'échelle mondiale
Cet avocat estime toutefois que les Américains pourraient vouloir étendre ce nouveau type de taxation frappant davantage la consommation que la production à des domaines qui toucheraient aux intérêts européens, de l'automobile pour les Allemands au luxe pour les Français.
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