Imany, rencontre avec la nouvelle voix de velours de la soul
Imany. En swahili, cela veut dire "espoir" ou "foi". Cela pourrait aussi vouloir dire "fourmi". Car depuis quatre ans, la vie d'Imany (de son vrai prénom Nadia) ressemble à celle du petite ouvrière qui chaque jour s'affaire pour construire son rêve.
Un rêve qui a commencé en 2007 quand Imany rentre des Etats-Unis où elle a passé sept ans à travailler comme mannequin. Un métier qu'elle n'a pas vraiment choisi mais qui l'a fait vivre et lui a laissé assez de temps pour prendre des cours de théâtre et de chant. Le temps d'apprendre à aimer cette voix grave qui la complexait depuis l'enfance. C'est grâce à elle qu'elle est montée sur scène pour la première fois à New-York ,"les genoux tremblant" confie t-elle.
Quand elle rentre en France, elle décide de se lancer. Oui mais avec quoi ? A ce moment là, Imany n'a pas de répertoire, pas de réseau et aucune connaissance du milieu musical. Elle ne se décourage pas et demande à sa soeur Fatou de l'aider. Cette dernière se chargera de trouver des lieux pour que sa soeur se produise. "On s'est dit que c'était le seul choix qu'on avait pour arriver à se faire connaître du public et des producteurs" explique Imany. Ensemble, elles vont écumer les moindres salles, les petits bars. Avec un répertoire composé de reprises, Imany se confronte au public et à la scène. Un lieu qu'elle aime, cela se sent aujourd'hui mais qu'elle a dû apprivoiser.
Petit à petit, ce travail de fourmi finit par payer, le bouche-à-oreille fonctionne doucement auprès du public et la belle est repérée par des producteurs. Sauf qu'Imany ne veut pas faire n'importe quoi sous prétexte de vouloir à tout prix réussir. Elle a beau débuter, elle sait ce qu'elle ne veut pas faire.
C'est finalement Malick N'Diaye, producteur d'origine séngalaise et découvreur d'Ayo qui va lui permettre de s'épanouir dan le registre qu'elle aime, la soul-folk, avec ses propres chansons. Comme "You will never know", premier titre extrait de son album, où elle décrit avec des mots simples comment une femme cache sa souffrance à l'homme qu'elle aime et qui l'a blessée.
Arrivée sans répertoire à ses débuts, Imany a écrit seule plus de trente chansons. Douze ont été retenues pour l'album "The Shape Of A Broken Heart" ("la forme d'un coeur brisé"). Pour la jeune femme, écrire est une évidence qui fait partie de sa vie au quotidien. Cela ne l'empêche pas d'être très critique et de porter un regard sans concession sur ses textes.
Plus de six mois après la sortie de son album, Imany porte "un regard heureux" sur le chemin parcouru même si elle n'a pas trop le temps de faire un bilan. En ligne de mire, il y a l'Olympia le 5 avril prochain. En attendant, avec sa soeur Fatou et son guitariste Taoufik Farah, elle continue de sillonner la France de long en large. Un travail de terrain, laborieux, mais qui porte ses fruits. Et qui donne aussi une idée du caractère de la jeune femme fait de ténacité et de rigueur (peut-être les réminiscences d'une scolarité dans un établissement militaire pour jeunes filles). Cette rigueur lui sert de fil rouge mais l'empêche peut-être aussi de lâcher prise complètement et de donner libre cours à une voix pleine de potentiel qu'on sent encore trop confinée à des rivages connus.
Reste que la voix d'Imany est son plus grand atout, une sorte de signature musicale qui la rend immédiatement identifiable. A la fois fourmi travailleuse, elle est aussi la cigale qui sait chanter et prendre le bon côté de la vie. "The Shape Of A Broken Heart" est son premier album, certainement pas le dernier.
Imany est en tournée dans toute la France et à L'Olympia à Paris le 5 avril 2012.
Un grand merci à Jessica et Stéphane, les deux marins de La Passagère, qui nous ont accueillis le temps du tournage sur leur pub-péniche des quais du Rhône.
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