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Eurovision-2019 : l'Ukraine se retire sur fond de tensions avec Moscou
Kiev a annoncé mercredi renoncer à participer à l'Eurovision, après le refus de quatre groupes de représenter l'Ukraine à ce concours musical aux enjeux de plus en plus politiques pour ce pays, sur fond de tensions avec la Russie.
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"La société nationale de radio et de télévision d'Ukraine refuse de prendre part à l'Eurovision-2019", a annoncé le diffuseur national UA:PBC dans un communiqué.
"Au vu de la situation actuelle (...) et des conditions de politisation excessive du processus de sélection nationale, le diffuseur a décidé de renoncer à participer à l'Eurovision-2019", a poursuivi UA:PBC.
Le cas le plus retentissant a été celui, lundi, de la chanteuse Maruv qui avait remporté le vote du public ukrainien mais dénoncé une volonté d'instrumentalisation politique de la part des autorités. Une des exigences de UA:PBC était que Maruv accepte de ne plus se produire en Russie et de faire office d'"ambassadrice culturelle de l'Ukraine" et de "porte-parole de l'opinion publique ukrainienne dans le monde", ce qu'elle a refusé.
Freedom Jazz, un trio de chanteuses qui était le deuxième choix du pays après Maruv, puis le groupe pop KAZKA, troisième choix, et le quatrième Brunettes Shoot Blondes, lui ont emboîté le pas en annonçant mardi et mercredi qu'ils n'iraient pas à Tel-Aviv.
La participation à l'Eurovision a pris une tournure très politique ces dernières années en pleine crise entre la Russie et l'Ukraine, deux pays où le concours est très populaire. Ces deux États semblent irréconciliables depuis l'arrivée au pouvoir en 2014 de nouvelles autorités pro-occidentales à Kiev, suivie par l'annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée par Moscou et par un conflit meurtrier avec des séparatistes prorusses dans l'Est de l'Ukraine.
En 2017, l'Ukraine avait organisé l'Eurovision grâce à la victoire l'année précédente en Suède de sa protégée Jamala, avec une ballade à propos des persécutions subies à l'époque soviétique par les Tatars de Crimée, péninsule ukrainienne annexée en 2014 par la Russie.
L'Ukraine avait alors interdit à la chanteuse russe Ioulia Samoïlova de participer au concours à Kiev car elle s'était produite en Crimée, suscitant déjà des accusations de "politisation" du concours. UA:PBC avait alors écopé d'une lourde amende.
"Politisation excessive du processus de sélection"
"La sélection nationale en 2019 a mis au jour et attiré l'attention du public sur les problèmes systémiques de l'industrie musicale en Ukraine : les artistes ont des liens avec le show-business du pays agresseur", a ajouté la société, en référence à la Russie, où se produisent en concert de nombreux artistes ukrainiens malgré des relations extrêmement tendues entre les deux pays voisins."Au vu de la situation actuelle (...) et des conditions de politisation excessive du processus de sélection nationale, le diffuseur a décidé de renoncer à participer à l'Eurovision-2019", a poursuivi UA:PBC.
Quatre groupes se sont retirés en trois jours
En trois jours, quatre groupes ont fait part de leur refus de représenter l'Ukraine lors de ce populaire concours, qui aura lieu cette année en mai en Israël.Le cas le plus retentissant a été celui, lundi, de la chanteuse Maruv qui avait remporté le vote du public ukrainien mais dénoncé une volonté d'instrumentalisation politique de la part des autorités. Une des exigences de UA:PBC était que Maruv accepte de ne plus se produire en Russie et de faire office d'"ambassadrice culturelle de l'Ukraine" et de "porte-parole de l'opinion publique ukrainienne dans le monde", ce qu'elle a refusé.
Freedom Jazz, un trio de chanteuses qui était le deuxième choix du pays après Maruv, puis le groupe pop KAZKA, troisième choix, et le quatrième Brunettes Shoot Blondes, lui ont emboîté le pas en annonçant mardi et mercredi qu'ils n'iraient pas à Tel-Aviv.
"Notre but est d'unir les gens, pas de semer la discorde", lance le groupe KAZKA
"Nous n'avons pas besoin d'une victoire à tout prix. Notre but est d'unir les gens avec notre musique, et non pas de semer la discorde", a expliqué le groupe KAZKA sur sa page Facebook, après des pourparlers avec UA:PBC.
Un concours qui a pris une tournure très politique
La participation à l'Eurovision a pris une tournure très politique ces dernières années en pleine crise entre la Russie et l'Ukraine, deux pays où le concours est très populaire. Ces deux États semblent irréconciliables depuis l'arrivée au pouvoir en 2014 de nouvelles autorités pro-occidentales à Kiev, suivie par l'annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée par Moscou et par un conflit meurtrier avec des séparatistes prorusses dans l'Est de l'Ukraine.En 2017, l'Ukraine avait organisé l'Eurovision grâce à la victoire l'année précédente en Suède de sa protégée Jamala, avec une ballade à propos des persécutions subies à l'époque soviétique par les Tatars de Crimée, péninsule ukrainienne annexée en 2014 par la Russie.
L'Ukraine avait alors interdit à la chanteuse russe Ioulia Samoïlova de participer au concours à Kiev car elle s'était produite en Crimée, suscitant déjà des accusations de "politisation" du concours. UA:PBC avait alors écopé d'une lourde amende.
Après le refus de Maruv de représenter son pays lundi, les autorités ont annoncé travailler sur une loi pour "réguler" les tournées des artistes ukrainiens en Russie.
Pour leur part, les artistes russes doivent, depuis octobre 2017, demander l'autorisation des services de sécurité ukrainiens (SBU) avant de pouvoir se produire en Ukraine.
Pour leur part, les artistes russes doivent, depuis octobre 2017, demander l'autorisation des services de sécurité ukrainiens (SBU) avant de pouvoir se produire en Ukraine.
La crise Moscou-Kiev et son impact sur le domaine culturel
La crise entre Kiev et Moscou s'est à plusieurs reprises étendue au domaine culturel avec par exemple l'interdiction en Ukraine de livres russes, le blocage de plusieurs réseaux sociaux ou encore l'interdiction d'antenne de dizaines de célébrités et d'acteurs dont Gérard Depardieu, devenu citoyen russe en 2013 et que Kiev considère comme une "menace pour la sécurité nationale".
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