Entre deux bottes de paille, le concert surprise de Stephan Eicher en Camargue

C'est l'un des titres les plus célèbres du chanteur suisse. Déjeuner en paix, sorti en 1991, décrit le quotidien et les scènes de la vie conjugale d'un couple sur fond d'actualités internationales. Une chanson comme une madeleine de Proust pour les milliers de spectateurs réunis dans un champ du Cailar dans le Gard ce mardi 8 août en milieu de matinée. Ce jour-là, elle aurait pu être rebaptisée Déjeuner aux prés, thème choisi pour ce concert exceptionnel à l'occasion de la fête votive du Cailar. C'est l'une des traditions de ces fêtes populaires, les participants partagent sur l'herbe des "prés des Demoiselles", un déjeuner tiré du sac, avant d'assister au tri des taureaux, 

Stephan Eicher ne s'est pas fait prier pour donner ce concert champêtre en petite Camargue, programmé entre un concours de pétanque et une course de taureaux. Le chanteur-compositeur a vécu 12 ans non loin de là et c’est un habitué des fêtes de village. "C’est un de mes lieux préféré au monde, raconte-t-il avec son petit accent suisse alémanique. Quand j’habitais à Aigues-Mortes, c’était pour moi toujours comme un pélérinage de venir ici. »

Comme un ami

Installé sur une remorque de tracteur, entre des bottes de pailles, Stephan Eicher a chanté plus d’une heure devant près de 3000 personnes. Il avait déjà donné un concert gratuit au Cailar en 2018 et ici il est considéré comme un proche, un ami. "Il vient très souvent dans le village pour faire la fête, lance enthousiaste un habitant installé sur une couverture près de la scène. On est ravi de le voir, c’est un vrai cadeau qu’il nous fait." "Il a mis le pied une fois au Cailar, poursuit un autre, il n’est plus reparti ! c’est comme ça."

Ce paysage de camargue et ses traditions sont une source d’inspiration pour le compositeur de 62 ans."Il me calme. On se sent un peu moins important, confie-t-il. Les problèmes, s’il y en a eu, se réduisent un peu. Il y a un calme et une mélancolie très euphorique ici." Une mélancolie très euphorique, on reconnait bien là l'interprète de Pas d'ami comme toi, un mélange de spleen et d'enthousiasme. Il était 11h30 à la fin du récital. Stephan Eicher n’avait jamais chanté aussi tôt en public.