Ensemble Kérylos : la musique à remonter le temps
Le mythe de Médée
Avant d’entamer ce long voyage temporel et musical, il faut s’armer d’une pierre de rosette et d’un lexique antique. Dans la mythologie grecque, Médée est une magicienne, fille du roi de Colchide. Elle tombe amoureuse de Jason venu conquérir la Toison d’or que détient son père. Dès lors, le mythe de Médée sera parsemé de morts. Accusée d’infanticide, de fratricide et de régicide, elle fuira dans toute la Grèce antique avant de rentrer à Colchide. Son personnage a inspiré nombre d’artistes et en particulier Eugène Delacroix dont la toile « Médée furieuse » se trouve au département des peintures du Louvre.
Carcinos le poète
Cette tragédie est l’une des très nombreuses pièces attribuées au poète athénien « Carcinos le Jeune » qui vécu vers -380 à la cour de Denis II de Syracuse. En novembre 2002, les archéologues et conservateurs de Louvre ont achevé le dépliage et le nettoyage de plusieurs centaines de papyrus arabes, coptes, démotiques et grecs. L’un d’entre eux, roulé en boule, retient l’attention de Laurent Capron, ingénieur d’études à l’Institut de papyrologie de la Sorbonne. Ce papyrus fait partie d’un lot acheté en mai 1891 au Caire par un égyptologue français Eugène Révillout, à un antiquaire cairote du nom de Tano. Après des recherches poussées, il apparaît que ces lambeaux de papyrus contiennent la fameuse partition écrite par Carcinos, le texte est également annoté de directives scéniques et musicales. Il met en scène un échange à trois entre Médée, Jason et son conseiller, une scène dans laquelle Jason reproche à Médée d’avoir tué leurs enfants, la mère se défend en expliquant les avoir confié et avoir été trahie.
Musiques antiques
Si la musique a tenu une place majeure dans la culture grecque antique, c’est paradoxalement l’art qui a laissé le moins de traces. Parmi les compositeurs dont on conserve un témoignage, il y a Capella, Ptolomée, Aristoxene, Plutarque ….et Alipius. Ce dernier est l’auteur d’une règle d’écriture musicale, connue sous le nom de tables d’Alipius, qui comprend trois octaves et un ton, pour les instruments comme pour la voix, elle permet d’avoir une idée de ce qu’écoutaient les grecs, et de reproduire certains des tubes de l’époque d’Alexandre le Grand comme ce « Médée » de Carcinos interprété par l’ensemble Kérylos à l’auditorium du Louvre.
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