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Tunisie : un "Harlem Shake" trop subversif pour le gouvernement

"Harlem Shake", ce phénomène planétaire qui consiste en des vidéos de 30 secondes où les protagonistes s'agitent dans une danse frénétique, n'a pas échappé aux jeunes tunisiens. Comme tant d'autres, des lycéens de Tunis se sont filmés samedi faisant le "Harlem Shake" dans la cour de leur établissement. Trop subversif : le gouvernement tunisien a ordonné une enquête. La blogosphère contre-attaque.
Article rédigé par franceinfo - Laure Narlian (avec AFP)
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Des lycéens tunisiens filment un "Harlem Shake" dans la cour de leur établissement, février 2013.
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Les lycéens du quartier Menzah 6, comme des centaines de Tunisiens avant eux (les vidéos pullulent sur le web) ont filmé samedi dans la cour de leur établissement la vidéo ci-dessous mêlant "Gangnam Style" et  "Harlem Shake" dans laquelle certains dansent en caleçons et d'autres,  portant des fausses barbes et les tuniques des tenants de la mouvance salafiste radicale, simulent des actes sexuels.

Le gouvernement prend la mouche
Le gouvernement n'a pas apprécié la blague et a aussitôt brandi les menaces de sanctions. "Le ministère de l'Education a demandé d'ouvrir une enquête et va prendre les mesures qui s'imposent", s'est emporté dimanche à la radio Mosaïque FM le ministre Abdellatif Abid, évoquant d'éventuelles "expulsions" d'élèves ou "licenciement" du personnel éducatif.

Le lycée tente de calmer le jeu
Lundi, Hafedh Mosrati, l'enseignant et syndicaliste du lycée du quartier de Menzah 6 de Tunis où se sont déroulés les faits, a demandé au ministre de calmer le jeu et de laisser le conseil de discipline faire son travail. "Ils ont fait ce film sans autorisation de l'administration, enfreignant les règles mais ces affaires doivent être résolues en interne par le conseil de discipline", a-t-il souligné.

La blogosphère contre-attaque en convoquant un futur flashmob contestataire
Mais un mouvement de soutien à ces lycéens s'est immédiatement organisé sur Facebook, plus de 4.600 personnes promettant de participer le 1er mars à un  "Flashmob" de contestation sur le mode "Harlem Shake" devant le ministère de l'Education.
De nombreux jeunes relèvent sur ces pages que le ministère n'a jamais diligenté d'enquête lorsque des groupes de salafistes ont investi des  universités ou des lycées, drapeaux noirs à la main, pour faire du prosélytisme.

L'opposition laïque tunisienne accuse régulièrement le parti islamiste Ennahda, qui dirige le gouvernement d'organiser une islamisation rampante de la  société. Le ministre de l'Education est cependant issu d'Ettakatol, parti séculier de centre-gauche allié à Ennahda.

En Egypte, un "Harlem Shake" fait aussi froncer le sourcil des autorités
Samedi, quatre étudiants égyptiens en pharmacie qui se filmaient pour un "Harlem Shake" dans une rue du Caire en train de danser en sous-vêtements et coiffés de perruques, ont été arrêtés par la police. Accusés d'avoir commis "un acte scandaleux", ils auraient choqué les habitants du quartier de classe moyenne où ils filmaient, assure la police. L'Egypte a des lois strictes concernant l'outrage public à la pudeur.

Pour comprendre le phénomène "Harlem Shake", lisez notre article à ce sujet et regardez le sujet du 20h ci-dessous.

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