"Nevermind" de Nirvana fête ses 20 ans
A l'occasion du 20e anniversaire de la sortie de "Nevermind" (Universal), le disque est réédité lundi en version remasterisée, accompagnée comme il se doit de bonus et d'inédits.
Parmi les plus intéressants, des démos pré-Nevermind enregistrées dans les Smart Studios du producteur Butch Vig. Réalisées avec Chad Channing à la batterie, elles permettent de mesurer l'apport décisif que représentera l'arrivée de Dave Grohl derrière les fûts au moment de l'enregistrement de "Nevermind". Autre pépite, les "Devonshire Mixes", soit la version de l'album tel qu'il avait été originellement mixé par le producteur Butch Vig, dont le travail a été une des pièces-maîtresses dans la création de "Nevermind".
Le coffret comprend aussi un concert filmé à Los Angeles le soir d'Halloween, un mois seulement après la sortie de "Nevermind". Un dernier moment d'insousciance avant que Nirvana ne réalise qu'il va briser les barrières étanches entre le rock indépendant et le grand public.
Lorsque le disque paraît, Nirvana n'est qu'un petit groupe de punk-rock. Son premier album "Bleach", publié sur le label indépendant Sub Pop, est resté confidentiel. Le succès fulgurant de "Nevermind", porté par les college-radios et la diffusion en boucle du clip de "Smells like teen spirit" sur MTV, étonne jusqu'à leur nouveau label Geffen. Alors que 40.000 exemplaires avaient été initialement pressés, 1 million de copies s'écoulent en six semaines. La maison de disques est même obligée de retarder d'autres sorties pour que ses usines puissent faire face à la demande. Au total, l'album se vendra à 30 millions d'exemplaires.
En quelques mois, le monde entier découvre le mot +grunge+. Les adolescents se mettent à porter des chemises de bûcherons et rêvent de Seattle, la capitale de l'Etat de Washington, berceau du mouvement. La "génération X", qui connaît la précarité et ne se retrouve pas dans les valeurs des années 80, a trouvé sa voix.
"+Nevermind+ est arrivé exactement au bon moment. C'était une musique faite par et pour un tout nouveau groupe de gens qui avaient été négligés, ignorés, traités avec condescendance", explique le biographe du groupe Michael Azerrad dans "Come as you are : The story of Nirvana ".
Très vite, Kurt Cobain se sent pris au piège de cette fabuleuse notoriété. Il supporte mal d'être la cible des tabloïds avec sa femme Courtney Love. Il se dit écoeuré de compter parmi son public des fans de hard-rock, dont les valeurs machistes et l'attitude commerciale sont à l'opposé de ce qu'il défend. Mais il souffre aussi d'être rejeté par la communauté punk-rock pour qui un succès de cette envergure est forcément synonyme de compromission.
Le musicien sombre dans la dépendance et la dépression. Il envisage même d'intituler le nouvel album du groupe "I hate myself and I want to die" ("Je me déteste et je veux mourir"). Finalement intitulé "In Utero", le successeur de "Nevermind" sort en septembre 1993. Six mois mois plus tard, le 5 avril 1994, Kurt Cobain se suicide d'une balle dans la tête.
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