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On y était : Bon Iver au Pitchfork Festival

Le magicien de la néo-folk américaine a comblé les attentes et tordu le cou à quelques idées reçues sur son compte en clôture de la première édition du Pitchfork festival, samedi 29 octobre à la Grande Halle de La Villette (Paris).
Article rédigé par franceinfo - Laure Narlian
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Bon Iver, alias Justin Vernon, lors du  'Later With Jools Holland', le 18 octobre.
 (Andre Csillag / Rex Fea/REX/SIPA)

Bon Iver a surtout surpris, mais dans les meilleurs termes. D’abord, son image de solitaire dans une cabane au fond des bois, née de son premier album "For Emma forever ago", en prend un coup : Justin Vernon est loin d’être seul, puisqu’il apparaît entouré de huit autres musiciens, dont plusieurs violons et guitares et une impressionnante section d' instruments à vent (trombone à coulisse, clarinette, trompette et un curieux instrument qui rappelle un saxophone géant).

Très vite, on comprend que ces musiciens, souvent multi-instrumentistes (violon-guitare et cuivre-claviers notamment), sont de vraies pointures (extraordinaire solo en apesanteur du violoniste sur "Hinnom", notamment).

Une complexité somptueusement maîtrisée
Seconde surprise, corollaire de la première : l'apparente simplicité et le dépouillement  de la musique de Bon Iver sont un leurre. Sur scène, la complexité géniale de son second album ("Bon Iver"), sorti en juin,  saute aux oreilles. Il faut une sacrée maîtrise pour orchestrer pareilles harmonies subtilement  tordues à neuf musiciens et organiser la fluidité de l’évidence avec une telle l’abondance de détails.

Parallèlement, l’autre image, celle du chantre de la néo-folk un peu ramollo en prend elle aussi pour son grade. Exceptées quelques brèves plages acoustiques (dont « Skinny Love » extrait du premier album, où les musiciens lâchent leurs instruments et le laissent seul à la guitare en claquant des doigts dans son dos), ce concert était très, voire parfois même sauvagement,  électrique.  Et ce, sans jamais se départir de la grâce et de la fragilité inscrits dans l'ADN de Bon Iver.

Une voix angélique mais pas de grand messe
Justin Vernon, sa voix pure et son falsetto angélique,  aura aussi réussi contre toute attente à éviter l’écueil de la grand messe et d’un concert cathédrale. Face à une audience pétrie d’admiration et composée d’étrangers pour moitié (beaucoup d'Américains), il a plaisanté entre les morceaux et répondu du tac aux tac aux déclarations d’amour, désamorçant  toute distance hautaine,  dynamitant  le piédestal.

Au rappel, invité à chanter à l’unisson, le public ne s’est pas fait prier. Les langues et les poumons se sont alors déliés : chacun a enfin osé articuler quelques bribes de paroles de ces chansons cryptées, délibérément  écrites dans un vocabulaire extra-terrestre où la sonorité compte davantage  que le sens. Personne n’a jamais réussi à comprendre les textes de Bon Iver mais le sentiment  et les climats, sur scène comme sur disque, sont résolument tout puissants. Ils ont l'intensité d'une prière.

Une vidéo amateur de Bon Iver au Pitchfork Festival de la Villette

Le premier festival Pitchfork à Paris, qui a fait le plein et a réjoui ses organisateurs, reviendra l’an prochain, peut-être un peu plus tôt, dès la fin septembre. Et réparti sur plusieurs scènes au lieu d’une. C’est en tout cas le souhait de Ryan Schreiber, fondateur du site Pitchfork.com.

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